Le rapport sur l’intervention israélienne contre Gaza serait tout différent s’il était écrit aujourd’hui, estime le juge lui-même.
Dans une tribune publiée dans le quotidien américain Washington Post, le juge sud-africain Richard Goldstone expliqueque s'il publiait aujourd'hui le rapport (qui porte son nom) évoquant des crimes de guerre israéliens lors de l'intervention à Gaza fin 2008-début 2009, le contenu en serait différent. En septembre 2009, le rapport avait conclu que l'armée israélienne avait tué intentionnellement des Palestiniens.
« Revisiter Gaza », indique la tribune en titre. "Nous en savons aujourd'hui beaucoup plus sur ce qui s'est passé pendant la guerre de Gaza de 2008-09 que lorsque j'ai présidé la mission d'enquête nommée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui a publié ce que l'on appelle le rapport Goldstone. Si j'avais su alors ce que je sais maintenant, le rapport Goldstone aurait été un autre document », écrit le juge, qui trouve des circonstances atténuantes aux Israéliens;
« Notre rapport avait trouvé des preuves de crimes de guerre, et «de possibles crimes contre l'humanité» commis aussi bien par Israël que par le Hamas. » Mais, écrit Goldstone, même si les incidents israéliens sont graves, il semble qu'ils n'aient pas été intentionnels.
« Par exemple, le cas le plus sérieux sur lequel le rapport Goldstone s'est penché, est la tuerie de 29 membres de la famille Al-Samouni dans leur maison familiale. Selon les Israéliens, ce bombardement est la conséquence d'une mauvaise interprétation d'une image prise par un avion sans pilote, une enquête est ouverte sur un officier par l'armée. Même si la longueur de de l'enquête est frustrante, il apparaît qu'une réponse appropriée est en cours."
Goldstone signale quand même qu'Israël a refusé toute collaboration avec sa commission, mais "lui en reconnaît le droit, comme toute nation souveraine a le devoir et le droit de se défendre contre des attaques venues de l'intérieur ou de l'extérieur. »
En attendant la réaction des Palestiniens de Gaza, victimes de l’opération israélienne « Plomb durci », l’association Europalestine (https://www.europalestine.com/) a eu ce premier commentaire :
« Les dirigeants israéliens peuvent légitimement sabler le champagne, et trinquer sur la tombe des 1.400 martyrs palestiniens massacrés pendant l'attaque « Plomb durci » contre la population de la bande de Gaza en décembre 2008 – janvier 2009.
Le juge sud-africain à la retraite Richard Goldstone, qui avait dirigé la commission d'enquête sur les événements, à la demande du Conseil des Droits de l'Homme des Nations-Unies, concluant à des crimes de guerre, voire des crimes contre l'humanité de la part des forces israéliennes, a en effet fini par se rétracter.
D'origine juive, se déclarant lui-même sioniste, Goldstone se pensait peut-être à l'abri d'accusations de partialité, voire d'antisémitisme, de la part des dirigeants israéliens, lorsqu'il rendit son rapport sur « Plomb durci » en septembre 2009.
Il se trompait. Forts de leur impunité -puisqu'aussi bien, le rapport Goldstone n'a été suivi au niveau de l' ONU et des puissances qui dirigent cette institution d'aucune mesure de rétorsion et encore moins de sanctions- les dirigeants israéliens et leurs alliés dans les « communautés juives » du monde ont lancé fatwa sur fatwa contre Goldstone, le bannissant de la tribu en tant que « Juif traître ».
La pression alla jusqu'à s'exercer, avec succès, à l'intérieur du cercle familial de Goldstone, lui interdisant par exemple d'assister à la bar mitzvah (cérémonie religieuse marquant le passage d'un garçon à l'âge adulte) de l'un de ses propres petits-fils.
Parallèlement, la propagande israélienne eut l'impudence d'accuser Goldstone d'avoir servi le régime d'apartheid en Afrique du Sud dans les années 1970 et 1980 : un mensonge éhonté, Goldstone ayant été l'un des très rares magistrats sud-africains à s'opposer publiquement au régime raciste. Et ce, à une époque où c'est au contraire l'Etat d'Israël qui était l'allié numéro un du pouvoir blanc !
Les menaces et calomnies de la propagande israélienne sont donc aujourd'hui récompensées.
Dans une tribune publiée samedi par le quotidien états-unien Washington Post, Goldstone se rétracte carrément, et suggère que le rapport portant son nom soit jeté aux orties.
(pour lire, en anglais, le contenu de la tribune de Goldstone, cliquer ici washingtonpost.com)
Avec « Plomb Durci », Israël n'a fait finalement qu'exercer un droit inaliénable à la légitime défense, y écrit en substance le vieux juge à l'honneur perdu.
Certes, Goldstone ne peut faire totalement l'impasse sur les centaines de civils, hommes, femmes et enfants, massacrés au cours de ces trois semaines d'horreur. C'est regrettable, dit-il, mais Israël ne l'a pas fait exprès, et comme chacun sait, toute guerre a son lot de bavures techniques et dommages collatéraux inévitables. « La faute à pas de chance », quoi !
Au final, si des responsabilités doivent être pointées, il ne reste pour Goldstone que celles du Hamas, accusé pour ses tirs aveugles de roquettes artisanales vers le territoire israélien, dont les dommages sont pourtant dérisoires au regard des morts et des destructions semées par l'une des plus puissantes armées de la planète.
En phase avec l'agenda de la propagande israélienne, Goldstone, dans son exercice de « Juif repenti » (salué comme tel, depuis samedi, par des politiciens israéliens et commentateurs sionistes), pousse l'ignominie jusqu'à accuser le Hamas d'un autre crime, tout récent, pour lequel il n'a pourtant aucune compétence, ni personnelle, ni professionnelle : à savoir, l'assassinat de cinq membres d'une même famille, y compris un nourrisson de trois mois, dans la colonie juive d'Itamar en Cisjordanie.
La tuerie d'Itamar, au cours de laquelle le couple Fogel et trois de ses enfants ont été poignardés dans leur sommeil le mois dernier, n'a fait l'objet d'aucune revendication, et elle a été dénoncée comme un crime monstrueux par tous les partis palestiniens, y compris les entités militarisées de ces derniers (brigades Ezzedine al Qassam, Al Qods, martyrs d'Al Aqsa…).
Trois semaines après les faits, l'enquête policière, frappée de secret, n'a débouché sur aucune inculpation, malgré la terreur (bouclages, arrestations de masse) imposée aux populations palestiniennes survivant dans le voisinage de la colonie d'Itamar.
Des rumeurs sur l'interrogatoire d'un salarié thaïlandais de la famille Fogel (les travailleurs palestiniens étant interdits de séjour à Itamar, même comme bêtes de somme) continuent de circuler, sans être démenties ni confirmées côté israélien, où l'on évoque au contraire des recherches ADN sur des dizaines de Palestiniens raflés. Et faute d'avoir trouvé de vrais coupables, Israël est fort capable d'en inculper d'autres, de préférence des Palestiniens, bien entendu. Ce ne serait pas la première fois que la grande diplomatie israélienne se livre à ce genre d'exploits.
Quand on voit comment elle a réussi à faire plaider coupable Salah Hamouri, alors qu'il n'a commis aucun délit, et à infliger 7 ans de prison au jeune Franco-Palestinien pour lui apprendre à renoncer à toute idée de résistance, on ne se fait aucun souci sur les capacités du gouvernement israélien à se trouver des coupables… et même à fomenter des crimes pour contrer toute menace de paix.
Candidat à la rédemption, l'inspecteur Goldstone a pour sa part déjà trouvé le coupable. »