L’unité de façade au sommet de la confrérie des Frères musulmans égyptiens risque de voler en éclats avec la démission de Haytham Ali, l’un des dirigeants « réformateurs » au sein de ce parti…
L’unité de façade au sommet de la confrérie des Frères musulmans égyptiens risque de voler en éclats avec la démission de Haytham Ali, l’un des dirigeants « réformateurs » au sein de ce parti, interdit depuis 1954, mais toléré.
Dans sa lettre de démission, Haytham Ali révèle que certains membres du Bureau de l’orientation, le plus haut organe exécutif dans l’organigramme de la confrérie, s’étaient rencontrés secrètement avec le général Omar Souleymane, à l’époque chef des Moukhabarat et homme lige de Moubarak, nommé pour quelques jours au poste de Vice-président la république par Moubarak. A l’ordre du jour de ces rencontres : cesser toute participation islamiste à la révolte populaire déclenchée le 25 janvier par la jeunesse égyptienne, en contrepartie de concessions politiques majeures du pouvoir en leur faveur.
Haytham Ali indique dans sa lettre de démission que l’accord conclu entre le général Souleymane et ces dirigeants des Frères musulmans contenait l’engagement du régime déchu de reconnaître cette confrérie comme parti politique légal.
Haytham Ali révèle également un autre « deal » conclu en 2005 entre les Frères musulmans et le régime de Moubarak. Selon cet accord secret, les Frères musulmans fermaient les yeux sur les fraudes massives lors des élections législatives de 2005 moyennant l’élection d’un certain nombre de députés islamiques qui s’étaient présentés sous l’étiquette d’indépendants.
Cette démission (dont de larges extraits ont été publiés par le quotidien Al Quds al-Arabi de Londres) sera certainement suivie par d’autres. Car la base du parti islamiste soupçonne la direction d’avoir persisté dans cette voie « capitularde » en concluant un accord secret avec le Conseil militaire suprême qui assure actuellement l’intérim. Les dirigeants des Frères, espèrent, à travers cette stratégie de profil bas, s’imposer, lors des prochaines élections législatives prévues en septembre de cette année, comme la principale force d’opposition et de blocage dans le pays.