Dans la ville portuaire, troisième par son importance en Syrie, l’armée s’est déployée pour éviter les manifestations.
Après Deraa, principale ville du Sud où les premières émeutes ont éclaté, l’armée s’est déployée massivement dans la ville portuaire de Lattaquié, troisième ville de Syrie et capitale économique de la région occidentale et de la montagne des Alaouites (fief de la communauté dont sont issus les principaux décideurs du régime, dont la famille Assad).
L’armée a investi cette ville côtière où une mafia proche du clan Assad impose sa loi depuis des années, dans l’impunité totale. Ce qui a créé un climat quasi insurrectionnel dans la population. Douze personnes – des membres des forces de l'ordre, des civils et deux "éléments armés" – ont été tuées en deux jours, rapporte l'agence de presse officielle Sana. L’armée serait intervenue pour mettre fin aux combats confessionnels entre alaouites et sunnites. Lattaquié est une ville à majorité sunnite, mais comprend également une importante minorité chrétienne, ainsi qu’une population alaouite originaire des montagnes voisines.
Chose inhabituelle, le président Bachar al-Assad, généralement prolixe, a brillé par son silence durant les émeutes. Il doit incessamment s’adresser au peuple.
Ces derniers jours, les bureaux du Baas dans plusieurs villes ont été incendiés par les protestataires, chose inimaginable il y a seulement quelques semaines dans ce pays placé sous la surveillance d'une redoutable police secrète. Une statue du défunt Hafez al-Assad a même été déboulonnée.
Les gestes du gouvernement pour tenter d'apaiser les tensions ne paraissent pas satisfaire l'opposition, qui semble décidée à obtenir la chute du régime comme en Tunisie et en Égypte.
Un habitant de Lattaquié a déclaré que des soldats avaient été déployés samedi 26 mars au soir dans les rues pour prêter main forte à la police secrète et aux forces de sécurité après des affrontements entre jeunes sunnites et alaouites.
"Des années et des années de frustration ont conduit à cette situation. Mais ce n'est pourtant pas la guerre ouverte entre sunnites et alaouites, la plupart des gens gardent la tête froide et pensent que le déploiement de soldats disciplinés dans la ville est nécessaire pour éviter des pillages", a-t-il ajouté.
Selon Nadim Houry, de Human Rights Watch, quatre policiers ont été tués alors qu'ils tentaient de s'interposer entre partisans et adversaires du gouvernement. "Ils ont apparemment été victimes de voyous proches du frère du président", a-t-il dit.
Aucun blindé ni véhicule de transport de troupes n'était visible dimanche 27 mars à Lattaquié, où patrouillaient seulement des troupes à pied.
Des manifestations de soutien à Assad et au parti Baas ont cependant été organisées à Damas et dans d'autres villes du pays.
Sur CBS, la secrétaire américaine d'État Hillary Clinton a affirmé dimanche que les États-Unis ne s'impliqueraient pas pour le moment de la même manière en Syrie qu'en Libye. Soulignant que chaque situation est unique, elle a dans le même temps déploré les violences de ces derniers jours.