Le régime syrien tente de renouer avec la population et d’éviter d’autres manifestations.
Les responsables syriens ont libéré plus de 260 détenus politiques pour tenter d’apaiser le mouvement de révolte sans précédent qui secoue le pays depuis dix jours. En dépit de ces gestes d’apaisement, un appel à une "révolte populaire" samedi 26 mars dans toutes les provinces syriennes, a été posté sur Facebook. Mais, en milieu de journée, aucune manifestation n’était signalée alors que la veille, des centaines de personnes étaient descendues dans la rue dans les principales villes du pays.?
Dans ce climat de contestation, "les autorités ont libéré 260 détenus, en grande majorité des islamistes mais également 14 Kurdes, dans un geste qui s’inscrit dans le cadre des promesses qu’elles avaient annoncées récemment pour améliorer les libertés publiques en Syrie", a déclaré Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne de défense des droits de l’Homme, basée à Damas. Il a appelé les responsables syriens à "compléter cette mesure en libérant les autres détenus politiques encore incarcérés". Abdel Karim Rihaoui a précisé que la majorité des prisonniers relâchés avaient purgé les trois quarts de leur peine.?A Londres, Rami Abdelrahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), a précisé que les "détenus avaient été libérés de la prison de Sednaya, en grande majorité des islamistes, après avoir signé une demande de libération". Interrogé, un responsable syrien n’a pas été en mesure de confirmer cette information. Selon Rami Abdelrahmane, "plusieurs centaines de prisonniers politiques" sont détenus en Syrie, dont une partie est enfermée à Sednaya, à 30 kilomètres au nord de Damas. Le 5 juillet 2008, une révolte dans cette prison, qui compte environ 10 000 détenus, avait fait au moins 17 morts parmi les prisonniers et 5 dans les rangs de la police militaire. Le régime a réprimé, parfois dans le sang, les islamistes qui contestaient son pouvoir et a arrêté de nombreux militants kurdes qui réclamaient des droits pour cette population qui vit au nord de la Syrie.?Le directeur de l’OSDH a cependant regretté que plusieurs personnes arrêtées lors des récentes manifestations contre le régime de Bachar al-Assad soient toujours détenues dans les locaux des services de sécurité, comme le jeune étudiant et blogueur Ahmad Khadifi, arrêté le 23 mars, et le manifestant Mohammad Houriyé, interpellé le 15 mars.?Les autorités syriennes avaient annoncé dès jeudi des libérations. Elles avaient aussi indiqué envisager l’annulation de l’état d’urgence instauré en 1963, et promis des mesures anti-corruption, au lendemain de manifestations réprimées dans le sud, qui ont fait 100 morts selon des militants et 55 selon Amnesty International. Après les heurts de mercredi, de nouvelles violences ont éclaté vendredi. Selon un responsable syrien, elles ont fait 13 morts, dont deux pompiers et un employé tués par des protestataires, alors que des militants des droits de l’Homme font état d’au moins 25 morts parmi les manifestants. Le responsable syrien a précisé que 10 contestataires avaient été tués à Sanamein (sud) lors d’un accrochage avec l’armée, alors qu’à Homs (160 kilomètres au nord de Damas), le gardien d’un club militaire a été abattu par des adversaires du régime. A Maadamié (10 kilomètres de Damas), ils ont ouvert le feu sur des pompiers, tuant deux d’entre eux.
(Samedi, 26 mars 2011 – Avec les agences de presse