Le président a décidé cette mesure d’urgence pour satisfaire les revendication de la rue, mais c’est trop peu, trop tard…
Après avoir décrété l’Etat d’urgence, suite au carnage de vendredi 18 mars (52 morts) et la multiplication des défections et des démissions au sein de son entourage, le président Ali Abdallah Saleh a été contraint sous la pression de la rue de démettre son gouvernement. Une mesure tardive, qui ne va certainement pas désarmer le puissant mouvement de révolte qui réclame désormais son départ pur et simple.
Abdallah Alsaïdi, représentant permanent du Yémen aux Nations unies, avait annoncé dimanche sa démission, de même que la ministre des Droits de l’homme, Houda al Ban, second membre du gouvernement à partir depuis le 18 mars. "Cette situation critique nous empêche de poursuivre notre travail sous un régime qui ne respecte pas les droits de l’homme et les libertés", a déclaré Ban, disant parler également au nom de son adjoint Ali Tayssir. Elle a été suivie par le ministre du Tourisme, Nabil Hassan al Fakih, qui a également quitté le parti au pouvoir. Le président de la commission des Affaires étrangères du parti et l’ambassadeur en Russie ont également annoncé leurs démissions. Deux autres membres en vue du parti, dont le directeur de l’agence de presse officielle, Nasser Taha Moustafa, ont eux aussi annoncé leurs démissions.
Le 18 mars, des tireurs embusqués sur les toits avaient tué, selon des sources médicales, près de cinquante-deux manifestants à la sortie de la grande prière hebdomadaire, qu’une foule immense a enterrés dimanche côte à côte dans un cimetière de Sanaa, proche d’un camp militaire.? Ce drame a incité Saleh a décréter pour une durée d’un mois l’état d’urgence, ce qui augmente les pouvoirs de la police et restreint la liberté de réunion ainsi que celle d’aller et venir.?
L’Arabie saoudite, très inquiète par la détérioration de la situation dans ce pays voisin, entame officieusement une médiation auprès de l’opposition. Une médiation qui n’a aucune chance d’aboutir étant donné la radicalisation des positions des uns et des autres.