L’Arabie saoudite, principal allié des Etats-Unis dans la région du Golfe, n’est pas épargnée par les manifestations, surtout dans l’est du pays, à majorité chiite et riche en pétrole.
L’Arabie saoudite, qu’on croyait immunisée contre toute velléité de contestation, est à son tour touchée. Jusqu’ici le principal foyer de mécontentement se trouvait dans la province orientale du royaume, où vivent trois millions de chiites, considérés comme formant une cinquième colonne iranienne. A ce titre, ils sont regardés avec suspicion et traité comme des sujets de seconde zone. Mais contrairement aux provinces frontalières du Yémen, habitées également par des Ismaéliens et des chiites zaydites, pauvres en ressources minières, la province orientale concentre à elle seule l’essentiel des ressources pétrolières saoudiennes.
Dès les premiers appels à des réformes substantielles de la monarchie, émanant d’intellectuels et de membres de la société civile, et de quelques manifestations limitées à Djeddah et un peu partout dans le pays, les autorités ont interdit toute manifestation car « manifester est contraire aux préceptes de l’islam » !
Pour calmer les revendications sociales et politiques, le roi Abdallah a annoncé un plan d’une trentaine de milliards de dollars pour répondre aux besoins des catégories les plus défavorisées en logements décents.
Sentant venir la révolte, les États-Unis, principal protecteur de la monarchie, ont jeté de l’huile sur le feu en déclarant publiquement qu’ils « surveillent de près les développements en Arabie saoudite » et qu’ils « défendent les "valeurs universelles" comme le droit à manifester.
« Ce que nous avons dit aux Saoudiens et à tout le monde dans la région [du Moyen-Orient], c'est que nous allons soutenir un ensemble de valeurs universelles », a déclaré le conseiller adjoint pour la sécurité nationale du président Barack Obama, Ben Rhodes.
Parmi ces valeurs, a souligné M. Rhodes lors d'une téléconférence de presse, figurent « le droit à se rassembler pacifiquement, à la liberté d'expression. C'est le message que nous avons fait parvenir, en public et en privé » aux responsables d'Arabie saoudite, l'un des principaux alliés américains au Moyen-Orient.
Ces déclarations sont intervenues alors que, selon un témoin, trois manifestants chiites ont été blessés jeudi à Al-Qatif, dans l'est de l'Arabie saoudite, par des tirs de la police qui tentait de disperser un rassemblement demandant la libération de prisonniers Les tirs sont intervenus alors qu'entre 600 et 800 chiites, dont des femmes, manifestaient à Al-Qatif pour demander la libération de neuf détenus chiites, a expliqué ce témoin qui a requis l'anonymat.
Ces incidents sont survenus à la veille d'une manifestation dont l'appel sur une page Facebook avait reçu mercredi 9 mars le soutien de plus de 31 000 personnes. Les trois blessés, des hommes, ont été hospitalisés mais leurs blessures sont "modérées", a précisé une source officielle selon qui les tirs ont duré environ 10 minutes en présence de quelque 200 policiers.