Une zone d’exclusion aérienne implique une grosse opération militaire, tant dans les airs qu’au sol. Une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies est indispensable pour la mettre en oeuvre.
Mais à quoi jouent les monarchies du Golfe en appelant à la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye ? Les roitelets du pétrole, qui ont déjà soutenu une telle zone d’exclusion aérienne en Irak entre 1991 et 2003 et qui poussent à la guerre contre l’Iran se rendent-ils compte de la gravité d’une telle déclaration ? Et pourquoi pas demain, si la situation se détériore à Bahrein, au Yémen, au Sultanat d’Oman, voire dans la région orientale du royaume d’Arabie saoudite, une région pétrolière majoritairement peuplée par des chiites ?
L’Organisation de la conférence islamique, une officine à la botte de l’Arabie saoudite a également emboité le pas à l’Arabie saoudite en déclarant, par la bouche de son secrétaire général, Ekmeleddin Ihsanoglu, « favorable à l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne pour protéger les civils en Libye » Tout comme la France et le Royaume-Uni qui travaillent sur un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU imposant cette zone d'exclusion aérienne. Cependant l'adoption d'une telle résolution semble délicate en raison de la réticence de la Chine et surtout de la Russie, selon des diplomates.
Les six pays du Golfe, tous des monarchies absolues, ont appelé le régime libyen à "arrêter immédiatement l'emploi de la force contre les civils, oeuvrer à arrêter l'effusion de sang et réaliser les aspirations du peuple libyen". La Ligue arabe, elle aussi une coquille vide, souhaite également une telle zone. Toutefois la Syrie, l’Algérie et l’Egypte s’y opposent fermement.
Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent tenir une réunion de crise samedi 12 mars au Caire pour discuter de l'escalade de la violence en Libye, selon Hisham Youssef, chef de cabinet du secrétaire général de la Ligue, Amr Muussa, dont le mandat va bientôt expirer.
"La réunion a été demandée par plusieurs pays arabes et intervient après une série de contacts engagés par le secrétaire général", expliqué ce dernier. Selon un autre responsable de la Ligue arabe, la réunion est destinée à "discuter des mesures à prendre pour protéger le peuple libyen, en particulier l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne sur la Libye". La Ligue arabe, qui s'est dite opposée la semaine dernière à toute intervention militaire étrangère en Libye, a exclu les représentants de Tripoli de toutes ses réunions jusqu'à ce que le régime réponde aux revendications de l'opposition.
Rappelons qu’en 1990, la même Ligue arabe avait soutenu la guerre américaine contre l’Irak. L’Egypte de Moubarak, l’Arabie saoudite du roi Fahd, toutes les monarchies du Golfe, la Syrie, le Maroc y étaient pour alors que l’Algérie, le Yémen, la Palestine, la Jordanie et la Libye étaient contre.