Le blogueur Sultan al-Khulaifi est détenu sans possibilité de contacter son avocat dans des locaux proches de la télévision qatarie, celle-là même qui a couvert les révoltes du monde arabe et se tait sur ce cas, pourtant survenu à deux pas de chez elle.
Sultan al-Khulaifi, blogueur qatari et fondateur d'une ONG enregistrée en Suisse mais qui s'intéresse à des dossiers de détention au Qatar, a été arrêté le 2 mars au soir, pour des raisons encore inconnues.
Amnesty Internationala exprimé sa vive préoccupation quant aux actes de tortures et autres types de mauvais traitements que pourrait subir le blogueur.
Selon cette organisation, il a été arrêté pour être, dans un premier temps, conduit chez lui où on a procédé à une perquisition. Les forces de l’ordre ont saisi des CDs et un ordinateur portable. La voiture de ses parents a également été fouillée. Le jour de son arrestation, il avait prévenu son épouse que les policiers l'avaient contacté. Actuellement le lieu de détention d'Al-Khulaifi est encore inconnu.
Dans la dernière mise à jour visible sur son blog, al-Khulaifi critique la censure des livres au Qatar.
Son avocat s’est adressé à Al Jazeera, cette chaîne qatarie vantée récemment par Hillary Clinton pour « son combat contre le despotisme », pour qu’elle passe cette information, mais il n’a pas réussi à se faire entendre sur ses antennes. Elle est, paraît-il, trop occupée ces temps-ci par les révoltes dans les autres pays arabes contre la tyrannie. Il a déclaré au nom de son client : « monsieur Sultan al-Khulaifi est détenu avec trois autres personnes. Ils le sont pour avoir exprimé leur opinion, cela ne peut être pour une autre raison parce qu’il a déjà était arrêté trois, quatre, dix fois par la sécurité spéciale et il persiste à s’exprimer. Je crois que l’erreur ici est qu’il y a une loi, une loi que je qualifierais de criminelle. La loi elle-même est criminelle, parce qu’elle permet au ministre de l’Intérieur de détenir n’importe qui, n’importe où, pour six mois, prolongeables six mois, sans procès, sans avocat, selon son bon vouloir. »
Sur Facebook, des pages appellent à la chute de régime qatari, jugé corrompu. Une manifestation est prévue pour le 16 mars. A l'heure actuelle, on ignore si l'arrestation de Sultan est liée à cet appel à manifester.
Autre point important, la chaine Al Jazeera, qui a bien médiatisé les révolutions tunisienne, égyptienne, yéménite et libyenne, beaucoup moins la révolte au Bahreïn voisin, n’a pas jugé utile de se saisir du cas de Sultan al-Khulaifi, qui gît non loin de ses locaux et de la plus grande base américaine dans la région qu’abrite ce pays !
Le gouvernement du Qatar n’a pas pu être joint pour commenter.