Le président Saleh s’est livré à une valse-hésitation dans sa position à l’égard des Etats-Unis et d’Israël.
Pour éviter un bain de sang et lui permettre de sauver la face, plutôt que de connaître le sort d’un Moubarak ou d’un Ben Ali, une coalition de l’opposition vient de proposer au président Ali Abdallah Saleh une sortie anticipée du pouvoir.
Cette feuille de route en cinq points prévoit un plan de règlement de la crise conditionné par le départ de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, avant la fin de l’année, plutôt qu’au terme de son actuel mandat en 2013.
Le président Saleh avait déjà promis de ne plus briguer un nouveau mandat en 2013 et de ne plus permettre à son fils ou à un membre de sa famille de lui succéder, mais cette « concession » n’a pas convaincu l’opposition. Ni d’ailleurs sa proposition de former un gouvernement d'union avec l'opposition.
On attend toujours la réponse de Saleh à ce plan. Mais sans illusion. A moins qu’il soit lâché par l’armée, les tribus et les Etats-Unis.
Le président yéménite, qui a à son actif d’avoir assuré une longue stabilité à ce pays, d’avoir réunifié les deux parties du Yémen, se sent aujourd’hui trahi et lâché par ses alliés occidentaux. Il se sent mal payé en retour de ses services inestimables dans la lutte contre le terrorisme. Il vient d’accuser ouvertement "les ambassadeurs américains et européens d'attiser (la contestation de) la rue yéménite". "Chaque jour, nous entendons une déclaration du président Obama: en Egypte ne faites pas ceci, en Tunisie ne faites pas cela (…) De quoi se mêle-t-il à Oman? De quoi se mêle-t-il en Egypte? Il est le président des Etats-Unis", avait affirmé le président Saleh devant les journalistes.
Il avait en outre assuré que les soulèvements qui agitent le monde arabe "de Tunis au sultanat d'Oman (…) sont une tempête orchestrée depuis Tel-Aviv, sous la supervision de Washington".
"Il y a un centre d'opérations à Tel-Aviv pour déstabiliser le monde arabe, et qui est dirigé depuis la Maison Blanche", avait-il encore dit. Mais à peine ces propos diffusés, le président yéménite s’est hâté à exprimer ses regrets à la Maison Blanche pour le "malentendu", à en croire un communiqué de la Maison blanche.
"Le président Saleh a appelé le conseiller du président (Obama pour l'antiterrorisme) John Brennan ce matin (3 mars) afin d'exprimer ses regrets sur les malentendus nés de ses propos affirmant qu'Israël et les Etats-Unis mènent des opérations de déstabilisation des pays arabes", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.
De même source, "le président Saleh a aussi dit qu'il était fermement engagé sur la voie de réformes politiques significatives au Yémen et qu'il s'adressait à l'opposition pour parvenir à des réformes à travers un processus démocratique, rassembleur et pacifique".
(avec les agences)