Alors que le roi Abdallah avait cru, un temps, calmer le mécontentement de sa population par des réformes sociales, des manifestations sont organisés. Les Saoudiens réclament une monarchie constitutionnelle.
Le royaume wahhabite est à son tour gagné par un regain de contestation sur fond de guerre de succession. Ce sont des islamistes modérés basés en Arabie saoudite, et non en Occident, comme la plupart d’entre eux, qui ont pris la tête de cette campagne. Ils viennent de signer une pétition appelant à rien de moins qu’une monarchie constitutionnelle, dans un pays de quasi droit divin. Dans une pétition mise en ligne sur plusieurs forums, dans le Golfe, vingt-six personnalités islamistes, dont l'influent prédicateur Salmane al-Auda, estiment qu'une "réforme radicale est nécessaire en Arabie saoudite".Ils affirment que "les révolutions" arabes "témoignent du fait que les dirigeants dans les pays arabes ne sont pas à l'écoute des demandes de réforme, de développement et de liberté de leur peuple" et mettent en garde contre "le chaos et l'effusion de sang" si ces demandes ne sont pas satisfaites. Les signataires réclament que les membres du Majlis al-Choura, le conseil législatif dont les membres sont nommés, soient "entièrement élus" et qu'ils disposent de prérogatives législatives et de contrôle.
Ils demandent en outre à ce que "le roi ne cumule pas le poste de Premier ministre" comme c'est le cas dans le royaume, ainsi qu’une réforme du secteur judiciaire. Les signataires réclament de plus une "lutte ferme contre la corruption", la libération des prisonniers d'opinion et "la liberté d'expression".
Cette pétition est mise en ligne au lendemain d'un appel de plus de 130 intellectuels libéraux à d'importantes réformes politiques et sociales dont l'instauration d'une "monarchie constitutionnelle" en Arabie saoudite, c’est-à-dire "la séparation des pouvoirs" et l'adoption d'une Constitution. Les signataires de la pétition réclament également "d'accorder aux femmes le droit au travail, à l'éducation, à la propriété et à la participation à la vie publique".
Depuis les soulèvements en Tunisie et en Égypte, des appels à des réformes dans le royaume ont fleuri sur internet, la plupart réclamant une monarchie constitutionnelle. Dans le même temps, un appel circule sur Facebook pour un "Jour de colère" le 11 mars, et un autre pour une "Révolution saoudienne" le 20 mars.
Face à la remontée de la contestation, la peur semble changer de camp. Il a suffi d’une campagne de protestation à travers la toile contre l’ambassadeur saoudien au Caire, Hicham al-Nazer, ancien ministre du Pétrole, accusé de ne pas daigner s’occuper du rapatriement des Saoudiens coincés en Égypte en raison de la révolte, pour que le roi Abdallah le limoge sur le champ et le remplace par un autre ambassadeur, Ahmad Kattan.
Sur un autre plan, les forces armées saoudiennes ont été mises en état d’alerte maximale dans la région orientale, afin qu’elles puissent intervenir rapidement à Bahreïn pour sauver la monarchie d’une chute plus que probable. Les États-Unis pourraient prêter main forte à cette intervention à travers sa base du Qatar. Les observateurs ont remarqué par ailleurs que la chaîne qatarie Al-Jazeera se montre, depuis quelques jours, moins agressive dans sa couverture des manifestations populaires qui redoublent de force danscet archipel.