Les militaires observent avec attention les évolutions en cours, notamment les révisions constitutionnelles en vue des futures élections.
Les militaires n’aiment pas l’indiscipline. C’est une lapalissade. Le nouveau souffle démocratique qui s’empare de l’Égypte ces jours-ci et qui se traduit par la multiplication des manifestations populaires exigeant « la fin du régime » les met mal à l’aise. Ils sont, ne cessent-ils de crier, impatients de remettre le pays au travail et de retourner à leurs casernes. Non sans avoir assuré leur tâche dans la construction du nouveau système. Le Conseil suprême des forces armées, qui a actuellement les pleins pouvoirs en Égypte depuis la démission de Hosni Moubarak, montre des signes évidents d’énervement face aux revendications des jeunes et de la société civile, lesquels ne veulent à aucun prix se voir voler leur « révolution » par le pouvoir kaki.
Pour couper court à toute « dérive revendicative », ledit pouvoir envisage d’organiser au plus vite un référendum constitutionnel, autrement dit sous un mois. C’est du moins ce qu’a déclaré, le 27 février, Sobhi Saleh, juriste qui a participé à la rédaction des projets d’amendements de la Loi fondamentale. Une fois ceux-ci adoptés, les électeurs seront appelés à élire les membres des deux chambres du Parlement. L’élection présidentielle, au suffrage universel, devra se tenir, toujours selon rythme imposé par les militaires, dans un délai ne dépassant pas six mois.
La modification la plus importante prévoit la limitation à deux mandats de quatre ans l’exercice du pouvoir par les prochains chefs d’État égyptiens.
Rappelons que depuis la révolution du 23 juillet 1952, quatre militaires se sont succédé au pouvoir en Égypte : Mohammed Naguib (1952-1954), renversé par Gamal Abdel Nasser, Nasser lui-même, (1954-1970), terrassé par la maladie, Anouar al-Sadate (1970-1981), assassiné par des islamistes, Hosni Moubarak (1981-2011) chassé par une révolte populaire.
Hosni Moubarak effectuait son cinquième mandat consécutif de six ans lorsqu’il a été renversé le 11 février par ce que l’on appelle désormais la "révolution du Nil". Malgré sa maladie, il envisageait soit de briguer un sixième mandat, soit de préparer le terrain à l’élection de son fils Gamal.
Parmi les futurs candidats les plus sérieux, deux noms émergent : celui de l’actuel chef du gouvernement, Ahmad Chafic (un militaire reconverti en civil) et ce lui d’Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, qui a d’ores et déjà annoncé son intention de se porter candidat selon l’agence officielle égyptienne Mena. Diplomate de carrière, âgé de 74 ans, M. Moussa a été ministre des Affaires étrangères sous M. Moubarak de 1991 à 2001, avant de devenir secrétaire général de la Ligue arabe. Il est resté une personnalité populaire parmi les Égyptiens.