Les jeunes Libyens sont dans la rue. Même si le colonel Kadkafi compte des partisans, il ne fait pas l’unanimité, notamment à Benghazi
La révolte des jeunesses urbaines libyennes ,qui se poursuit depuis plusieurs jours, a fait 179 morts selon l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. Les affrontements se concentrent à Benghazi, seconde métropole du pays après la capitale Tripoli, et qui ne s’est jamais ralliée au colonel Kadhafi depuis la chute du roi Idriss Senoussi il y a quarante deux ans. La ville rebelle a été transformée en champ de bataille, selon les rares informations en provenance du pays, soumis depuis samedi 19 février à un black-out quasi-total. Les insurgés y pratiqueraient une sorte de guérilla urbaine, contraignant les forces de l’ordre à de harassantes courses-poursuites.
Pour autant, le colonel Kadhafi, qui a promis une « riposte foudroyante », ne semble pas devoir céder à la « Rue », qui demande notamment sa destitution en tant que « Guide de la Révolution ». Il doit compter sur ses fidèles des « comités populaires », base de « l’Etat des masses » qu’il a institué le 2 mars 1977. Si l’armée, dont il a « atomisé » les unités opérationnelles pour mieux en contrôler la chaîne de commandement, est incertaine, la part des tribus qu’il a achetées grâce aux revenus du pétrole lui restent acquises. Il peut enfin compter sur sa famille élargie, qui ne lui a jamais défaut dans les circonstances difficiles. Le bras de fer qui se joue dans ce pays pris en sandwich entre la Tunisie à l’ouest et l’Egypte à l’est – deux pays qui ont connu en quelques semaines un bouleversement politique sous la pression de la rue, est loin d’être terminé.