« En soutenant Assad, le Hezbollah et l’Iran compromettent leurs relations futures avec la Syrie. »
L’interview accordée par Burhan Ghalioun au Wall Street Journal a soulevé un tollé dans les milieux progressistes et anti-impérialistes en Syrie et dans le monde arabe. Alors que certains éditorialistes, pourtant peu tendres avec le régime syrien, le conseillent de revenir à « ses chairs études », d’autres l’accusent ouvertement de « trahison » et de vouloir « donner des gages de servilités » aux pays membres de l’Otan.
Loin de rectifier le tir, M. Ghalioun, que certains humoristes l’appellent « Burhan Ghalioun Lévy », persiste et signe dans une interview accordée à un deuxième média américain, la CNN.
Dans cette interview, le président du Conseil National Syrien (opposition extérieure, CNS) Burhan Ghalioun a déclaré qu’en soutenant (le président) Assad, le Hezbollah et l’Iran compromettent leurs relations futures avec la Syrie.
"Par le passé, le peuple syrien s'est totalement tenu aux côtés du Hezbollah. Mais aujourd’hui, les Syriens sont surpris par le fait que le Hezbollah ne leur ait pas rendu cette faveur en les soutenant dans leur lutte pour la liberté", a déclaré M. Ghalioun, opposant syrien exilé en France depuis plus de trois décennies.
En soutenant la répression orchestrée par le régime, l'Iran "participe à l'éradication du peuple syrien", a-t-il poursuivi, ajoutant : "J'espère que les Iraniens réaliseront qu'il est important de ne pas compromettre leurs relations avec la Syrie en défendant un régime de torture clairement rejeté par son propre peuple". Téhéran doit comprendre, a-t-il encore insisté qu'"il s'agit là de sa dernière chance d'éviter un sombre destin pour les relations syro-iraniennes".
Ce n'est pas la première fois que Burhan Ghalioun, un professeur d'université de 66 ans, aborde la question des relations entre la Syrie d'une part, l'Iran et le Hezbollah d'autre part, en cas de chute du régime de Bachar el-Assad.
"Il n'y aura pas de relations particulières avec l'Iran", avait indiqué M. Ghalioun au Wall Street Journal dans un entretien publié vendredi dernier en évoquant la Syrie post-Assad. "Rompre cette relation exceptionnelle signifie rompre l'alliance militaire stratégique", avait précisé M. Ghalioun ajoutant qu'"après la chute du régime syrien, le Hezbollah ne sera plus le même".
Des propos vertement critiqués, hier, par Hassan Nasrallah, le très populaire secrétaire général du Hezbollah, lors des commémorations de Achoura à Beyrouth.
"Le soi-disant Conseil national syrien, formé à Istanbul, et son leader Burhan Ghalioun (…) se font concurrence pour présenter leurs lettres de créance aux Etats-Unis et à Israël", a-t-il déclaré lors d'un discours suivant sa première apparition publique depuis 2006. Un discours au cours duquel le chef du Hezbollah a réitéré le soutien de son parti au régime de Bachar el-Assad.
Dans son interview à CNN, M. Ghalioun a par ailleurs averti qu'une poursuite de la répression syrienne pourrait entraîner une intervention militaire internationale. "Malheureusement, le régime pousse le peuple à demander une intervention militaire étrangère. Certains demandent cette intervention sans vraiment en connaître les conséquences", a-t-il dit.
"La question d'une intervention militaire étrangère est un sujet sensible et dangereux qui devrait être pris au sérieux", a-t-il conclu.
Traduction de l’interview de Burhan Ghalioun au Wall Street Journal :