Nayef, 78 ans, est le demi-frère cadet du roi Abdallah. Il est le premier sur la liste des prétendants au trône après la mort de son frère aîné, Sultan.
La mort de Sultan ben Abdulaziz, à New York, le 22 octobre, ouvre les portes du royaume saoudien à son frère, le prince Nayef ben Abdulazizm Ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre depuis près de quarante ans, désormais héritier du trône. Fils du roi Ibn Saoud, fondateur de la dynastie, il est le demi-frère cadet du roi Abdallah, 87 ans, également très malade.
Apprécié des Occidentaux, de Nicolas Sarkozy particulièrement, gros client en matériel militaire, premier pays exportateur de pétrole du monde, et soutien inconditionnel de la politique militaire de Washington et de Paris, le prince Sultan a fait l’objet, on s’en doute, de regrets « sincères et profonds ». « (Il) avait noué avec la France des liens de confiance et d’amitié et donné à notre partenariat, auquel je suis particulièrement attaché, une nouvelle dimension », a déclaré le président français. Barack Obama a, quant à lui, fait part de ses « profonds regrets » et qualifié le prince-ministre-héritier du trône d’ « ami précieux ». À Washington comme à Paris, nulle exigence démocratique, nul appel au respect des libertés fondamentales, nulle dénonciation des violations permanentes des droits humains et des conventions internationales en la matière. Cela aurait pu être une bonne occasion, mais les intérêts stratégiques et économiques priment.
Le prince Nayef est le premier sur la liste des prétendants, selon le système archaïque et féodal de la monarchie. En 1952, avant de mourir, Abdelaziz ben Abderrahamane ben Fayçal al Saoud, père du royaume, de 36 filles et de 53 garçons engendrés avec ses 32 femmes, avait demandé à ses fils de se partager le pouvoir, chacun à son tour, en partant du plus âgé. Il y a eu cinq rois depuis sa mort et, aujourd’hui, une dizaine de ses fils sont encore en vie. Ils sont tous âgés et la question du système de succession se posera avec acuité avec la mort du dernier des héritiers. La famille, selon les spécialistes, compterait plus de 20 000 membres dont les 500 petits fils du roi fondateur.
Les Occidentaux peuvent être rassurés par l’arrivée du prince Nayef, 78 ans (un « petit jeune » dans la famille royale). En tant que ministre de l’Intérieur, il enregistre des records en matière de répression populaire et d’élimination de toute opposition intérieure. Les pétroliers peuvent dormir tranquilles. Connu pour gérer les affaires intérieures d’une main de fer, il ne laisse aucun espace et aucune chance à quelque changement que ce soit, y compris chez les voisins de l’Arabie Saoudite, comme on l’a récemment vu avec le soulèvement populaire du Bahrein. Nayef est également connu pour être un conservateur, proche de la hiérarchie religieuse musulmane qui, contrairement à l’Égypte, au Yémen, à la Libye et à la Tunisie lors des soulèvements populaires, ont toujours soutenu la monarchie, et particulièrement Nayef. Celui-ci entretient, également, des relations étroites avec les Frères musulmans qui reviennent en force, surfant sur la vague du Printemps arabe, comme en Tunisie où le parti Ennahda, dit « musulman modéré » vient d’emporter les élections. Un allié, donc, important, à plusieurs titres, pour les Occidentaux, dans ce pays où la stabilité doit rester la règle d’or, quelque qu’en soit le prix en terme de démocratie.