Quand les monarchies du Golfe imposent leur diktat au reste du monde arabe
La Ligue arabe est désormais aux ordres des monarchies du Golfe et des Américains. Certes, ce n’est pas nouveau depuis que cette Ligue avait avalisé la guerre contre l’Irak en 1990. A l’époque, plutôt que de jouer son rôle de médiateur entre le Koweït et l’Irak, elle avait donné son feu vert à l’invasion de ce dernier. Malheureusement, la Syrie de Hafez al-Assad, père de Bachar, guidée par sa haine de Saddam Hussein, avait lui aussi accepté qu’un pays arabe, en l’occurrence l’Irak, soit envahi et rayé de la carte par Bush père. Cette première guerre contre un pays arabe soutenu par la mal nommée Ligue arabe, sera suivie par un embargo barbare, qui faucha la vie à un million et demi d’Irakiens et conclue par une deuxième guerre en 2003. Mais cette fois-ci, Bachar al-Assad, contrairement à son père, s’y opposa farouchement. Il paiera un prix très fort à cette résistance.
En 2010, la Ligue arabe décide à la majorité la suspension de la Libye. Seules l’Algérie et la Syrie s’y opposeront. Elle complètera cette mesure de rétorsion contre Tripoli par un appel à l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne en Libye. Une mesure gravissime qui avait montré son caractère criminel en Irak. Cette fois-ci encore, la Syrie et l’Algérie s’y opposeront. Les pays occidentaux et les monarchies du Golfe prennent prétexte de ces deux résolutions pour arracher au Conseil de sécurité la résolution 1973 qui servira d’alibi à l’Otan de bombarder la Libye et de renverser son régime.
Le même scénario est en train de se jouer avec la complicité de la Ligue arabe, mais cette fois-ci contre la Syrie. En effet, le 28 août, marchant sur les pas des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Turquie, de l’ONU et, comble du surréalisme, du Conseil de coopération du Golfe, le nouveau secrétaire de la Ligue arabe, exhorte le gouvernement syrien à la fin de la réunion extraordinaires des ministres des Affaires étrangères arabes, à mettre fin au « bain de sang ». Une formule que cette organisation panarabe avait jusqu’ici refusé de faire sienne.
Certes, le communiqué est moins sévère que celui adopté à l’égard de la Libye, mais il ouvre la voie à l’escalade. Les pays occidentaux pourraient même s’en servir pour arracher une résolution similaire à la résolution 1973 au Conseil de sécurité qui pourrait servir de prétexte à une intervention militaire contre la Syrie. Le plus grave dans ce communiqué c’est qu’il a été publié à l’insu d’une majorité d’Etats membres. Ce qui a amené le Liban, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, à désavouer publiquement le jour même le nouveau secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi qu’on croyait moins soumis aux desideratas américains.
« Le secrétariat général de la Ligue arabe,déclare le ministère libanais des AE, a diffusé un communiqué portant le numéro 148 ayant pour titre “Les développements en Syrie”. Le ministère des Affaires étrangères tient à préciser que la réunion ministérielle (de la Ligue arabe, au Caire) a débouché sur un accord en vertu duquel aucun communiqué ne serait publié et aucune déclaration publique ne serait faite par la présidence actuelle de la Ligue ou par le secrétaire général, sachant que le communiqué publié n’a pas été débattu au cours de la conférence ministérielle. »
La Syrie elle-même a rejeté ce communiqué. Par la bouche de son représentant au sein de la Ligue, Youssef Ahmad, qui a pour la première fois donné la version gouvernementale des faits. Il a, entre autre rappelé que des groupes armés sévissent en Syrie, parallèlement aux manifestants pacifiques et que jusqu’à la date de la réunion, pas moins de « 600 policiers et militaires ont été assassinés par ces groupes , qui en ont blessé près de 2 000 ».
Après avoir rappelé que son pays « avait répondu favorablement aux justes revendications des manifestants.»
Répondant avec mépris aux représentants des monarchies du Golfe qui se permettent de prodiguer des « conseils » de réformes démocratiques à la Syrie. Ces monarchies, dont certaines ne sont même pas dotées de constitutions et publient des fatwas interdisant le principe même de manifester, n’ont qu’à balayer devant leur porte.