Tout ça pour ça !
L’invasion de l’Irak, en 2003, au nom de la démocratie, les milliards de dollars dépensés pour, soi-disant, asseoir cette même démocratie, et les dizaines de milliers de civils tués à cause de cette démocratie auront-ils suffi à construire un Irak stable et prospère ? Suffisait-il de pendre Saddam Hussein à l’issu d’un procès caricatural pour apporter la paix dans le pays ? Ceux qui y ont cru ont pu constater qu’ils s’étaient trompés. Et ceux qui ont fait semblant d’y croire en jouant les apprentis sorciers aux dépens de ceux mêmes qu’ils prétendaient défendre, devraient y réfléchir à deux fois avant de répéter la même histoire en Libye.
Les 42 attentats à la bombe ou fusillades qui ont fait, le 15 août dernier, soit huit ans après la « pacification » américaine, plus de cent morts et plusieurs centaines de blessés ont rappelé à une population martyrisée depuis trente ans – 1980, guerre Irak-Iran ; 1991, guerre du Golfe, suivie de douze ans d’un embargo international criminel, invasion américaine en 2003 suivi d’un chao qui ne peut prendre fin – que la guerre civile qu’ils craignaient avant la chute de Saddam Hussein est toujours là, et bien là. Les attaques ont été perpétrées à Ramadi, Baquba, Tikrit, Kut, Taji, Yusufiya et dans la banlieue de Bagdad. La branche irakienne d’Al-Qaïda, Al-Qaeda en Mésopotamie, sans revendiquer clairement les attentats a promis une autre attaque d’envergure. « Les jours de Zarqawi sont revenus », a déclaré son porte-parole Abu Muhammad al-Adnani faisant référence à Abu Musab al-Zarqawi, le chef de cette branche, tué par les forces américaines en 2006.
Les attentats ont été perpétrés deux semaines après que le gouvernement ait accepté formellement de négocier avec les États-Unis sur la possibilité de laisser des soldats en Irak après la fin de l’année. Le gouvernement irakien Made-in-USA est toujours incapable de résoudre l’équation « Sunnites- Chiites-Kurdes » et ses forces de sécurité continuent de faire la démonstration de leur impuissance. Selon certains observateurs, le problème réside dans le fait que les forces de sécurité sont davantage loyales envers les organisations comme al Qaeda (sunnite) ou les milices chiites qu’envers le gouvernement irakien. « Cette armée n’est pas capable de prendre le contrôle elle-même, dit Hamid Fhadil, professeur de Sciences politiques à l’université de Bagdad. Il est difficile de parler d’une armée irakienne et d’un ministère de l’Intérieur s’ils ne sont pas loyaux envers l’Irak ».
Une nouvelle fois, l’actualité montre à quel point il est illusoire de croire que la démocratie occidentale peut être imposée à coup de canons, de bombardements aériens, d’assassinats de dirigeants qualifiés de « voyous » par les États-Unis et leurs alliés. Mais il y a du pétrole en Irak, il y a du pétrole en Libye, et peu importe qu’il y ait des morts partout…..