Jean Ping, président de la Commission de l’UA, a fait le point des affaires les plus importantes que traite actuellement l’institution panafricaine.
Lors d’une conférence de presse tenue à Paris le 7 septembre 2011, Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine, a tenu à (ré)affirmer les positions de l’UA sur quelques affaires en cours.
Libye : reconnaissance du Conseil national de sécurité (CNT)
Même si l’Union Africaine (UA) n’a pas voté la reconnaissance du CNT le 26 août dernier, à Addis-Abeba (Ethiopie), elle semble ne plus en être si loin. Aujourd’hui, vingt pays d’Afrique sur cinquante-cinq le reconnaissent. Au-delà d’une telle position, Jean Ping préfère insister sur l’avance de l’UA sur les autres institutions. Elle a été la première, dès le 10 mars 2011, à s’être prononcée sur la question libyenne, avant même la Ligue arabe ou le Conseil de sécurité des Nations unies. « Nous sommes prêts depuis le début ». Les 10 et 11 avril, Jean Ping s’était rendu à Tripoli alors loyaliste et à Benghazi, foyer de la révolution. L’Union africaine maintient sa feuille de route adressée au CNT : cessation immédiate des hostilités, parole donnée aux médias, organisation d’élections, création d’un gouvernement d’union nationale et d’un état de droit sont les cinq points conditionnant leur reconnaissance. « L’ordre constitutionnel » devra être garant de la démocratie. Jean Ping veut s’assurer que le futur gouvernement sera représentatif de l’ensemble du pays. « Nous sommes du côté du peuple libyen ». Quant aux Noirs en Libye, il refuse le terme « mercenaire » qui leur est attribué. En effet, un tiers de la population libyenne est noire. Mahmoud Jibril, président du conseil exécutif du CNT lui aurait adressé une lettre certifiant l’apaisement des relations avec les Noirs, notamment des exactions qui sont reprochées aux soldats.
Côte d’Ivoire : Place de l’UA dans les décisions nationales africaines
« L’Union africaine n’a pas encore atteint la suprématie d’un gouvernement supranational ». Malgré les conflits internes de certains pays africains, l’UA n’intervient pas inconditionnellement. « Chaque pays règle ses propres problèmes ». En Côte d’Ivoire, la prise de position était sans équivoque. Au nom de la démocratie, l’UA n’a pas changé de position depuis l’élection d’Alassane Ouattara. « On ne peut pas exclure l’usage de la force, mais elle doit être utilisée comme dernier recourt quand on a tout épuisé ». Actuellement, ni les manifestations au Sénégal, ni les litiges territoriaux en République démocratique du Congo (RDC) ne sont susceptibles d’entraîner son intervention.
Corne de l’Afrique : « Problème africain, solution africaine ». Actions établies :
350 millions de dollars – en cash – ont déjà été reçus pour aider la Corne de l’Afrique. « Ils sont déjà arrivés sur le compte (un compte spécial ouvert par l’Union africaine, ndlr)» a déclaré Jean Ping. La conférence organisée le 25 août 2011 par l’UA a rassemblé au total 381 millions de dollars de dons provenant des pays africains. Une première dans l’histoire de la solidarité continentale. La Gambie et le Sud Soudan ont contribué à hauteur d’un million, l’Algérie de deux millions et le Gabon de près de trois millions de dollars. Jacques Diouf, directeur général de l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation des Nations unies (FAO), a estimé qu’1,7 milliard de dollars était nécessaire. Un milliard a déjà été attribué par la communauté internationale. Ainsi, sur les 700 millions de dollars restant, l’UA a déjà la moitié à disposition. Si la sécheresse ne peut être neutralisée, la famine peut être enrayée. L’union africaine agit en contribution avec la Banque africaine de développement pour aider les populations.