L’agitation en Jordanie laisse les chancelleries occidentales de marbre
Le ministre jordanien de l’Intérieur Mazen Saket a déclaré lundi 18 juillet qu’une manifestation qui s’est tenue vendredi à Amman présentait un risque de conduire à un « renversement du régime », a rapporté un député jordanien.? M. Saket s’est exprimé lors d’une réunion à huis clos avec la commission des droits de l’homme du Parlement, a précisé le député Jamil Nimri.?Vendredi, des affrontements ont opposé des policiers à des manifestants qui tentaient d’installer un campement de protestation à Amman, faisant au moins 15 blessés. C’est l’incident le plus sérieux depuis que les manifestations ont commencé en mars dans le pays. ?M. Saket a fait état de craintes de la sécurité jordanienne selon lesquelles « la manifestation de vendredi pouvait conduire à un sit-in illimité susceptible de troubler l’ordre public et de conduire au renversement du régime », a déclaré M. Nimri, qui a participé à la réunion. M. Saket a précisé que les autorités avaient été informées que certains manifestants voulaient faire monter le niveau de violence pour que des « civils soient tués dans des affrontements avec la police », a ajouté M. Nimri.? Inspirés par les révoltes en Tunisie et en Egypte, les Jordaniens descendent régulièrement dans la rue depuis plusieurs mois pour demander des réformes.? Les manifestants ne demandent pas le départ du roi Abdallah II, mais réclament celui du Premier ministre Marouf al-Bakhit, un ancien général accusé de tarder à mettre en œuvre des réformes politiques. Les manifestants veulent également davantage de libertés politiques, des créations d’emploi et la fin de la corruption au sein de l’Etat.
Les pays occidentaux, qui ne manquent pas une occasion pour commenter les manifestations en Syrie, observent un silence total face aux manifestations quotidiennes en Jordanie. Il est vrai que la chute de la monarchie hachémite risque de menacer directement les intérêts occidentaux dans la région et remettre en cause la position charnière de ce pays comme état tampon entre Israël et le monde arabe.