Le président syrien a fait des promesses, seront-elles suffisamment convaincantes ?
Le troisième discours du président syrien Bachar al-Assad, depuis le début du soulèvement populaire dans le pays, a brillé par son ambiguïté. Il y promet tout et son contraire. La première impression qui en sort est la volonté de rassurer et d’affirmer indirectement que « la crise est derrière lui ».
Contrairement à ses deux discours précédents, Bachar al-Assad n’a pas choisi le parlement pour s’adresser à la nation, mais à un amphithéâtre de l’université de Damas. Ce choix n’est pas sans rappeler celui de son père, en 1976, qui eut lieu dans l’enceinte de la même université dans des conditions dramatiques. A cette époque, Hafez al-Assad, très attaqué par ses adversaires pour son intervention au pays du Cèdre, pour secourir la droite chrétienne contre l’assaut des forces progressistes et palestiniennes libanaises, s’était adressé à la nation pour défendre ce choix très impopulaire.
Cette fois-ci, les auditeurs ont eu droit à de vagues allusions et interrogations presque philosophiques sur la nature des réformes à entreprendre.
Les principaux points évoqués sont les suivants :
– Les revendications sont légitimes mais le mouvement réformiste a été dévié de sa trajectoire par une conspiration régionale et internationale. Si les réformes doivent se faire, ce sera l’affaire des Syriens eux-mêmes et non pas pour se soumettre à un diktat étranger. Il a, à ce propos, évoqué pour la première fois la possibilité d'abroger un article constitutionnel sur le rôle central du Parti Baas dans la vie politique du pays. « On peut dire que le dialogue national est le mot d’ordre de la prochaine étape », a-t-il déclaré. « Le dialogue national pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution ». « Certains pensent qu'il y a des atermoiements concernant les réformes, qu'il n'y a pas de sérieux. Cela n'est pas vrai, le processus de réformes est une conviction totale dans l'intérêt de la patrie », a-t-il précisé sans entrer toutefois dans les détails.
– Refus de la régionalisation et de l’internationalisation de la crise syrienne.
– La Syrie, pays résistant, n’en est pas à sa première épreuve. Il la surmontera comme il en a surmonté bien d’autres. « Il y a certainement un complot contre la Syrie », a-t-il affirmé. « Les complots sont comme des microbes qu'on ne peut éliminer, mais nécessitent que l'on renforce notre immunité ». « Je ne pense pas qu'il y ait eu un seul jour où la Syrie n'a pas fait l'objet d'un complot, que ce soit en raison de sa situation géographique ou en raison de sa position politique », a-t-il encore affirmé avant de souligner la Syrie se trouvait à un « tournant » après des « jours difficiles », présentant ses « condoléances aux familles des martyrs » abstraction faite de leur position politique…
– Appel au retour des réfugiés sans rien craindre car la nation a besoin de toutes ses forces vives.
– Appel à l’union nationale et au dialogue national
– Il a joué sur la fibre patriotique syrienne.
– Il n’a rien donné promis de concret, à part des réformes constitutionnelles vagues concernant un nouveau code des partis, l’indépendance de la justice, la lutte contre la corruption, un nouveau code des médias, des probables élections législatives en août (avec quel code électoral ?)
– Quant aux responsables des massacres, ils seront jugés mais il n’y aura pas de lynchage. C’est à la justice de trancher.
Ces promesses vont-elles calmer les esprits ? Wait and see.