Il semble que les partisans de Saad Hariri n’aient pas digéré leur défaite, provoquant des heurts meurtriers.
Après cinq mois de laborieuses tractations, Najib Mikati, a fini par former un gouvernement dominé par le camp prosyrien dit « 8 mars », ainsi que par des ministres nommés par le chef de l’Etat Michel Sleimane et des ministres représentant Walid Joumblat, l’un des anciens soutiens de Saad Hariri président du Courant du Futur (14 mars). Ce nouveau gouvernement dirigé par l’homme d’affaires sunnite Najib Mikati, natif de Tripoli, capitale du Nord, a été confronté à un début de guerre confessionnelle dans son propre fief, où il s’apprêtait à célébrer sa « victoire », entouré de ses principaux ministres tripolitains, des dignaitaires de la ville et de sa base électorale. Avant même que la fête ne commence, des heurts sanglants entre les quartiers de Bab Tebbané (fief des salafistes sunnites, soutenus en sous main par Saad Hariri) et Baal Mohsen (quartier à majorité alaouite, prosyrien), à Tripoli, ont fait sept morts et plusieurs dizaines de blessés.
Selon un correspondant de l'AFP dans cette deuxième ville de Liban, des dégâts importants ont été occasionnés dans les quartiers sensibles de Bab al-Tebbaneh et Jabal Mohsen, où les heurts nocturnes avaient éclaté après une manifestation de centaines de personnes contre le pouvoir de Bachar al-Assad.
Les habitants sont sortis le matin pour évaluer les dégâts dans ces quartiers pauvres, où sunnites et alaouites, une branche de l'islam chiite, se sont souvent affrontés.
L'armée, en charge du maintien de la sécurité au Liban, s'est déployée massivement dans la zone après les heurts, menant des perquisitions pour selon elle « arrêter les hommes armés et rétablir l'ordre ».
Les soldats étaient postés dans les rues et des patrouilles circulaient dans les quartiers.
Parmi les sept personnes tuées dans les combats à l'arme automatique et aux roquettes RPG figurent un soldat libanais, un responsable d'un parti alaouite et un garçon sunnite de 14 ans, selon un dernier bilan de sources médicales. 25 personnes ont été blessées.
Juste avant les affrontements, quelque 600 personnes s'étaient rassemblées vendredi à Tripoli pour protester contre le régime de M. Assad, lui-même un alaouite, qui tente depuis le 15 mars d'écraser le sang la contestation populaire, globalement pacifique.
Sans nommer les responsables de cette flambée de violence, le nouveau Premier ministre libanais n’a pu retenir sa colère contre « ceux qui avaient promis de s’opposer à lui démocratiquement ». Une accusation à peine voilée contre les partisans de Saad Hariri qui n’avaient pas encore digéré leur défaite. Après avoir annulé les festivités populaires, il déclara sur un ton menaçant que « la paix civile est une ligne rouge » à ne pas franchir.