Le président Saleh a désormais envie d’en découdre avec ses adversaires. Le pays pourrait désormais s’installer dans une guerre civile de longue durée.
Après des heures d’un silence pesant, où les rumeurs les plus folles sur l’état de santé du président Ali Abdallah Saleh, blessé à la tête par un obus alors qu’il effectuait la prière du vendredi en compagnie de nombreuses personnalités du régime, le chef de l’État a finalement fait une déclaration. Alors que l’on attendait qu’il apparaisse à la télévision, c’est finalement un bref message audio qui a été diffusé.
« Je me porte bien, je suis en bonne santé », a-t-il affirmé, précisant que le bombardement de la mosquée du palais présidentiel avait fait sept morts. Selon un responsable de son parti, M. Saleh a été « légèrement blessé à la tête » dans le bombardement de la mosquée de la présidence pour lequel les responsables yéménites ont accusé le puissant chef tribal du pays, cheikh Sadek Al-Ahmar.??Un responsable du parti au pouvoir, qui a requis l'anonymat, a indiqué à l'AFP que M. Saleh était soigné à l'hôpital du ministère de la Défense, mais a refusé de fournir des précisions sur son état. Le chef de l'État s'en est pris aux « fils d'Al-Ahmar », dans une référence à cheikh Sadek et ses frères, appelant « les forces armées à nettoyer les institutions de ces gangs ».
Selon l’agence nationale d’information, dont le siège a été occupé par les hommes armés du clan al-Ahmar avant qu’ils en soient délogés, l'imam de la mosquée – près duquel doit se tenir le chef de l'État au cours de la prière – a également été blessé. Plusieurs hauts responsables, dont le Premier ministre, Ali Mohamed Moujawar, les présidents de la Chambre des députés, Yahia al-Raï, et du Conseil consultatif, Abdel Aziz Abdel Ghani, ainsi que le conseiller de presse du président, Abdo Burji, sont blessés. Le vice-Premier ministre aux Affaires de la Défense et de la Sécurité, Rached Mohammed al-Alimi, grièvement blessé, a perdu connaissance pendant son transport à l'hôpital, alors que le gouverneur de Sanaa Noomane Douik a eu « une jambe et une main amputées », a-t-on précisé.
Il s’agit d’un tournant capital dans la crise yéménite. Tout dépend maintenant de l’état de santé réel du président. Ce dernier semble déterminé à en découdre avec ses anciens alliés, les fils du feu Abdallah al-Ahmar, qui ont rejoint la révolte. Selon des informations fiables, ce sont désormais des troupes d’élites entrainées par les États-Unis pour combattre al-Qaïda qui sont lancées à l’assaut des éléments armés tribaux. Ce qui signifie que les ponts sont coupés entre les deux parties et que le pays va s’installer durablement dans la guerre civile.
Autre scénario : l’opposition accepterait un compromis avec le président Saleh et signerait avec lui, dans le palais présidentiel et non dans l’ambassade des Émirats arabes unis, l’accord proposé par les médiateurs du Golfe. Car jusqu’ici le président Saleh ne l’a pas rejeté. Il a simplement refusé de le signer en l’absence de l’opposition. Une question de protocole et d’amour propre. Mais malheureusement, le temps joue désormais contre ce scénario pacifique de sortie de crise, trop de sang ayant coulé.