L’organisation qui regroupe la quasi-totalité des syndicats dans le monde, a rendu public, le 30 mai, un rapport destiné à Sepp Blatter, qui dénonce les conditions de travail sur les chantiers des douze stades prévus pour le Mondial 2022 au Qatar.
Alors que le 1er juin Sepp Blatter, seul candidat à sa succession à la tête de la Fifa, devrait être réélu pour la 4ème fois, la Confédération syndicale internationale met les pieds dans le plat. Ce qui devrait être un non-événement se déroule dans un contexte de scandale de corruption et de fraudes, mais aussi de violation des droits fondamentaux des travailleurs au péril de leur vie. L’organisation qui regroupe la quasi-totalité des syndicats dans le monde, a rendu public, le 30 mai, un rapport destiné à Sepp Blatter – Hidden Faces of the Gulf Miracle (Les faces cachées du miracle du Golfe) – qui dénonce les conditions de travail sur les chantiers des douze stades prévus pour le Mondial 2022 au Qatar. « Les déficiences importantes dans les lois et les pratiques sociales au Qatar et le manque d’engagement de ses autorités à améliorer cette situation démontre l’urgence pour la FIFA à agir », peut-on lire dans ce rapport. Selon la CSI, la main-d’œuvre étrangère qui représente 75 % des salariés au Qatar et 90 % dans le bâtiment, est soumise à un quasi esclavage. Salaire, logement, sécurité, interdiction des syndicats, les immigrants venus du Népal, d’Inde ou du Pakistan sont totalement à la merci de leur employeur. La CSI, par la voix de sa secrétaire générale, Sharan Burrow, a appelé les gouvernements du monde à ne pas soutenir la Fifa et de grands événements sportifs qui se feraient sur la base d’une exploitation scandaleuse de travailleurs. « Une imposante main-d’œuvre migrante, disposant de très peu de droits, d’aucun accès aux syndicats, travaillant dans une grande insécurité et vivant dans des environnements inhumains va littéralement mettre sa vie en danger pour que la Coupe du monde de 2022 ait lieu », a-t-elle déclaré. La CSI ne s’arrête pas à son intervention auprès de la FIFA, elle tente, également, de faire pression sur le monde intellectuel et artistique et sur les gouvernements qui ont passé des contrats avec le Qatar, comme la Sorbonne, le Musée du Louvre, le Guggenheim ou l’université de New-York.
Du côté scandale pour corruption à tous les étages, depuis 2010, ce sont huit des 24 membres du Comité exécutif de la FIFA – sans compter les accusés collatéraux – qui ont été suspendus de leurs fonctions, accusés de corruption et de fraude dans le cadre de la sélection des villes d’accueil du Mondial 2018 et 2022. Après la suspension de son principal adversaire, le Qatari Mohammed Bin Hammam, qui a renoncé à sa candidature à l’élection pour la présidence de la Fédération après avoir été accusé de corruption et fraude électorale dans le cadre de l’attribution du Mundial 2022 à son pays, c’est au tour de Jack Warner, président de la Concaf (Amérique du Nord et centrale) et vice-président de la FIFA, de quitter son fauteuil, le temps de l’enquête. Et nouvel avatar, les principaux sponsors de la Coupe du monde – Coca-Cola, Adidas, Emirates et Visa – ont exprimé leur mécontentement auprès de Blatter, à la veille de l’élection dont ils ont demandé, en vain, le report. « La pyramide de la Fifa est en train de vaciller sur ses bases », a déclaré Sepp Blatter qui a lui-même été souvent accusé d’agissements plus que troubles, mais a toujours réussi à passer à travers les mailles du filet. Cela fait trente ans que la FIFA est corrompue et gageons que, cette fois, l’affaire ne sera pas classée. Les médias britanniques et la Fédération anglaise de Football (FA) qui n’a pas digéré son échec dans la course à l’organisation du Mundial 2018, ne sont pas prêts à lâcher l’os Blatter-FIFA.
Pour en savoir plus, rapport complet de la CSI sur https://www.ituc-csi.org