L’activité des pays du Golfe sur la scène internationale est pétrie de contradictions avec le reste du monde arabe.
Maintenir l'esprit de l'unité de la nation arabe, qui peut-être à la base de grands succès sur la scène internationale, en évitant l'écueil du gigantisme de l'Occident et des Etats-Unis qui se profile à l'horizon, ne figure sur aucune tablette des pays du Golfe, qui n'osent pas contourner cette bonne vieille monarchie dont on n'a pas fini jusqu'à maintenant à débusquer les failles vis-à-vis des autres pays arabes ou musulmans. En somme, toute l'activité des six pays du Golfe dans l'arène internationale est imprégnée de sources constantes de contradictions en rapport avec le reste du monde arabe, d'autant que les traits de la politique de division des forces arabes sont toujours en action. Il suffit de constater comment la Ligue des pays arabes, l'Organisation de la conférence islamique, l'Union du Maghreb arabe sont muselées de toute part pour se rendre à l'évidence. Il n'en demeure pas moins pour les monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) que le problème (qu'est l'Iran) est surtout utilisé par leurs alliés occidentaux et américains pour enfoncer le clou dans la solidarité arabo-musulmane. C'est absurde. Cela dit, on n'ose pas dépasser cet aspect dicté avec précision de l'extérieur et que d'aucuns appliquent à la lettre plutôt que de conclure à une solidarité qui soit bénéfique à la Nation arabo-musulmane pour édifier une politique commune, une économie indépendante et affronter les manœuvres venant des grandes puissances. Mais le problème essentiel, comme chacun le sait réside dans le pétrole. Les pays arabes possèdent beaucoup de pétrole. C'est pourquoi Américains et européens ne lâchent pas prise et se livrent à toutes les pressions et font tout pour les diviser et mettre la main sur l'or noir en contrôlant les décisions de l'Opep via les pays du Golfe, qui peuvent à tout moment enfreindre les principes de l'Organisation pour répondre aux vœux de leurs alliés. Et à propos de l'adhésion envisagée de la Jordanie et du Maroc au CCG, il semble que ces monarchies veulent être autonomes par rapport aux Etats arabes, surtout qu'elle sont en accord avec les Etats-Unis en ce qui concerne une certaine stratégie dans la région. Les Etats-Unis qui sont à plus de 13 000 kilomètres du Golfe et pourtant, ils y sont installés avec force avec des bases et des conseillers techniques et militaires. Un cercle vicieux pour les six pays du Golfe qui vivent une situation qu'ils ne contrôlent pas. Les Etats-Unis qui tiennent à contrôler les richesses pétrolières de la région, poussent ces monarchies à emprunter le même chemin qu'ils ont tracé il y a quelques années en imposant à l'ensemble des arabes les fameux accords de Camp David. Un tracé que l'actuel président américain, Barack Obama, est en train de réactualiser. Les questions de sécurité dans la région du Golfe persique, qu'on vient d'étendre à la Jordanie et au Maroc, sous le couvert d'une stratégie économique , peuvent-elles faire l'objet d'un traitement spécifique ou bien faudra-t-il les appréhender en les insérant dans une approche globale ? A ces questions qui intéressent toute la communauté internationale, les rois et autres émirs du Golfe semblent avoir répondu, " nous avons les autres ". Mais ils feignent d'oublier que les événements dans chaque région de la planète sont complexes. Une certitude s'impose, les monarchies du Golfe, plus les deux éventuels venus : la Jordanie et le Maroc, ne sont pas prêts à reconnaître que sans la participation effective de tout le monde arabe aucune solution viable et durable politiquement et économiquement ne saurait être assurée. Et une certaine division pourrait se révéler inévitable. Il est bien évident qu'on se lance dans de grandes manœuvres de diversion et de confusion en recourant systématiquement à actionner les phénomènes ethniques et tribaux comme c'est le cas actuellement dans nombre de pays. Le développement de l'instabilité, les crises sociales et politiques favorisent cependant aujourd'hui, avec la complicité extérieure, l'élargissement de ces manœuvres issues de l'érosion constante de l'unité arabe est nées d'une volonté et d'une diatribe haineuse des non arabes. Ces derniers usent de tout leur poids au réquisitoire contre les deux mondes musulmans et arabes. Les pressions, les menaces à l'égard de la Syrie , du Yémen et de la Libye , avec l'accord et le soutien des pays du Golfe ne sont en réalité que le résultat de l'impasse politique qui rend l'imbroglio de la Ligue des Etats arabes plus inextricable que jamais et à la participation effective à l'effacement de tout acte relatif à la ranimation de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), puisque même, selon certaines informations concordantes, la Tunisie est inscrite à adhérer au CCG en contre partie d'une offre de 400 000 emplois pour les Tunisiens dans les six pays du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Sultanat d'Oman et le Qatar). " Le CCG a appelé de ses vœux l'intervention de l'Otan en Libye et a envoyé l'armée Saoudienne et la police écraser la contestation à Bahreïn. En Libye, les saoudiens Sudaïri ont transféré des combattants armés en Cyrénaïque avant que les franco-britanniques ne donnent le signal de l'insurrection contre le pouvoir de Tripoli. Ce sont eux qui ont distribué des armes et des drapeaux rouge-noir-vert à l'étoile et au croissant, symbole de la monarchie Senoussi, protectrice historique des Frères musulmans. Leur objectif est d'en finir avec le trublion Guedafi et de restaurer le prince Mohamed sur le trône de ce qui était jadis le Royaume-Uni de Libye. C'est le CCG qui, le premier, a demandé une intervention armée contre le gouvernement de Tripoli. Et c'est, au sein du CCG, que la délégation saoudienne a conduit les manœuvres diplomatiques pour que la Ligue arabe cautionne l'attaque par l'armée occidentale ". Le clan saoudien (les Sudaïri), est au cœur de la vague contre-révolutionnaire lancée au Proche-Orient par les Etats-Unis et Israël. Dans une vaste synthèse, parue en épisode dans le plus important quotidien de langue russe, Thierry Meyssan, intellectuel français, président-fondateur du réseau Voltaire, dresse depuis Damas le tableau général des contradictions qui agitent cette région. " Pour mener la contre-révolution dans cette région, Washington et Tel-Aviv ont fait appel à leur meilleure soutien : le clan des Sudaïri, qui incarne plus que nul autre le despotisme au service de l'impérialisme. Vous n'en avez peut-être jamais entendu parler, pourtant les Sudaïri constituent l'Organisation politique la plus riche du monde depuis plusieurs décennies ". D'après lui, les Sudaïri, sont les cinquante-trois fils et petits fils du roi Ibn Séoud, fondateur de l'Arabie saoudite, dont 7 ont été enfantés par la princesse Sudaïri. Leur chef de file était le roi Fahd, qui régna de 1982 à 2005. Ils ne sont plus que six depuis sa mort. L'aîné, est le prince Sultan, ministre de la Défense depuis 1962, âgé de 85 ans. Le plus jeune, est le prince Ahmed, ministre adjoint de l'Intérieur depuis 1975, âgé de 71 ans. Depuis les années 60, c’est leur clan qui a organisé, structuré, financé, les régimes fantoches pro-occidentaux du "Moyen-Orient élargi ". Que cherchent donc les rois et émirs du Golfe ! Freiner ou bloquer les stratégies économiques et politiques des autres pays arabes ? C'est certain. Ils savent à quoi s'en tenir pour dessiner cette réalité. C'est le cas de le dire par la présence active et efficace de l'Arabie saoudite et du Qatar dans les conclaves dirigés contre la Syrie, la Libye , le Yémen ou l'Iran. Les recettes du Golfe sur le monde arabe étant variées sous l'impulsion de Washington, Londres et Paris. Dès lors, on comprend pourquoi ces héritiers du trône aient inventé cet élargissement du CCG pour plus de surenchères sur les autres. Selon des analystes, l'annonce surprise de l'arrivée prochaine de la Jordanie et du Maroc au sein de la famille du CCG pourrait illustrer une volonté des rois à renforcer leurs relations internes, une alliance exceptionnelle pour sauver cette mosaïque au moment des révoltes populaires. David Roberts, directeur adjoint de l'Institut des forces armées à Doha, estime que " Le CCG va se transformer en un club des rois. Ils essaient de consolider les régimes monarchiques dans la région ". "Personne ne veut voir la chute de la première pièce de domino. L'unité globale pourrait avoir des conséquences économiques négatives sur les Etats du Golfe, le CCG doit tirer les enseignements de la crise économique dans l'Union européenne. L'élargissement ne conditionne forcément pas la prospérité pour tous et la voie risque d'être dure", estiment nombre d'analystes et d'économies.
A. S.
- Source : https://www.lemaghrebdz.com/lire.php?id=35366