Le Qatar se cherche un nouveau rôle au Moyen Orient : peut-être en s’alliant avec la droite israélienne ?
La signature d’un accord de réconciliation début mai, au Caire, entre l’Autorité palestinienne et le Hamas a fortement contrarié le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Sans perdre de temps, ce dernier a entrepris une visite à Londres et à Paris pour dissuader ces deux capitales de reconnaître, en septembre prochain, l’Etat palestinien indépendant dans les frontières de juin 1967, avec Jérusalem est (arabe) comme future capitale. Le prétexte invoqué : Israël ne peut plus négocier avec une Autorité palestinienne associée au Hamas.
Outre la droite israélienne, cet accord a également fortement déplu au Qatar, petit émirat gazier du Golfe qui voit ainsi, avec le retour en force de l’Egypte sur l’échiquier du Moyen-Orient, son rôle plus que marginalisé. Déjà rejeté par le Yémen et la Syrie, la diplomatie qatarie, qui a joué un rôle de financier de la croisade de l’Otan contre la Libye, se cherche un nouveau rôle dans la région. Mais cette fois-ci en s’alliant avec la droite israélienne.
Ainsi, lors de son séjour parisien, Benjamin Netanyahou et sa délégation ont été hébergés dans un palace parisien, le Royal Monceau, propriété de l’Etat du Qatar. Une simple coïncidence ? La délégation israélienne a-t-elle succombé aux charmes de ce Palace qui appartenait auparavant au syrien Othman al-Aedi ? Certainement pas.
Selon nos informations, ce Palace aurait servi à des pourparlers secrets entre Benjamin Netanyahou et le Premier ministre qatari, Hamad Bin Jassim Al-Jabre Al Thani. Les contacts secrets ne se pas limités aux suites de ce Palace, mais également au Palais de l’Elysée. Comme le raconte le journal satirique très bien informé, le Canard Enchainé, du 11 mai 2011, les deux hommes s’étaient rencontrés, le 5 mai, à l’Elysée, dans le bureau de Sarkozy. Officieusement, l’objet de cette rencontre était la médiation du Qatar pour faire libérer le soldat franco-israélien Guilad Shalit, capturé par le Hamas il y a cinq ans. D’autres sujets étaient également au menu : le rôle que pourrait jouer Israël dans le renversement du régime libyen, y compris en le liquidant physiquement. Car l’enlisement du conflit libyen est ressenti à Paris et à Doha comme cauchemardesque.
Quant à la déclaration du Premier ministre qatari, faite avant cette rencontre secrète à l’Elysée, comme quoi le Qatar aurait dissuadé la France d’imposer des sanctions économiques contre la Syrie, elle était en fait destinée à faire diversion. Et la preuve : la France est actuellement à la pointe de la campagne pour isoler le régime syrien. Quant au Qatar, il a annoncé, dès le lendemain de cette rencontre, avoir renoncé à construire deux centrales électriques en Syrie.
Cette rencontre a échappé à la vigilance de la chaîne qatarie Al-Jazeera, qui dispose d’un grand bureau à Paris. Ses journalistes, trop occupés à couvrir les révoltes dans le monde arabe, et à verser des larmes sur l’exécution de Ben Laden, n’avaient pas l’autorisation de révéler à leurs téléspectateurs cette information considérée comme « insignifiante ».