Deux femmes, deux talents qui font avancer la cause des femmes, leur domaine de compétence et donc la Tunisie. Nebiha Gueddana est « Mme Planning familial », fortement impliquée dans l’action sociale; Habiba Bouhamed Chaabouni est pionnière de la génétique humaine.
Pour beaucoup de Tunisiens, c’est « Madame Planning familial ». Docteur en médecine, spécialisée en pédiatrie à l’université René-Descartes à Paris, Mme Nebiha Gueddana dirige depuis l’Office national de la famille et de la population (ONFP), une institution connue en Tunisie pour ses programmes en matière de contrôle des naissances et de santé de la reproduction.
Un modèle à suivre
Elle est aussi agrégée à la faculté de médecine de Tunis en pédiatrie préventive, diplômée en statistiques appliquées à la médecine, option épidémiologie, du Centre des statistiques appliquées à la médecine et à la biologie à Paris-VI. Mme Planning familial s’est fortement impliquée dans l’action sociale et militante en faveur de la santé de la femme et de l’enfant en particulier et des causes féminines en général, sur le plan national et international.
Membre du gouvernement de 1989 à 1993 en qualité de secrétaire d’État chargée des Affaires sociales, de la Femme et de la Famille, la pédiatre n’est pas peu fière d’avoir pu donner « plus d’ampleur à [son] action militante auprès des femmes et agir sur les fondements mêmes du statut de la femme en formulant une politique ayant abouti à de nombreuses mesures législatives qui ont amélioré le code du statut personnel de 1956, en attribuant plus de droits aux femmes en matière de tutelle, de garde de leurs enfants, de nationalité et en créant un fonds de garantie au profit des femmes divorcées ». De même, poursuit-elle, « j’ai contribué à faire adopter une loi sur le harcèlement sexuel et un programme national de lutte contre la violence à l’égard des femmes ».
À la tête de l’ONFP, Nebiha Gueddana a orienté ses actions vers la réduction des inégalités pour l’accès des femmes aux services de santé de la reproduction, la lutte contre la mortalité maternelle en Tunisie. Elle s’est également investie dans les pays d’Afrique subsaharienne où elle a conduit de nombreux programmes dans le cadre de coopérations triangulaires ou de partenariats Sud-Sud. Le programme qu’elle a mené au Niger, dans le domaine de la santé reproductive, est cité par la Banque mondiale, comme « un modèle à suivre ». De même, ses différents plaidoyers de par le monde en tant que présidente du partenariat Sud-Sud ont permis de mobiliser des fonds importants de bailleurs nationaux et internationaux.
Cette femme de terrain et de combat a toujours été en avance d’une initiative, comme la création récente de centres de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes de toutes les régions du pays qui dispensent des consultations médicales tout en étant à l’écoute surtout des jeunes filles et en les conseillant. Soucieuse de mettre son expertise au service de l’organisation des Nations unies, notamment son entité « Onu Femmes » créée le 2 juillet dernier par l’Assemblée générale, Mme Gueddana avait offert sa riche expérience au secrétaire général de l’Onu afin de diriger l’entité Onu-Femmes, et faisait partie des candidates les plus sérieuses à ce poste finalement attribué à l’ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet.
Mme Antiviolences
Les priorités qu’elle se fixait si elle était désignée à l’Onu-Femmes restent plus que jamais d’actualité : consacrer beaucoup de temps à l’écoute de tous les acteurs favorables à l’éradication des discriminations dans le monde. La lutte contre la violence (principalement) celle commise à l’égard des femmes dans des situations de conflits, faire d’Onu Femmes l’axe le plus ferme d’un réseau de solidarité qui devra se tisser progressivement pour mieux lutter contre les discriminations à l’égard des femmes.
Ces dernières années, Mme Planning familial est devenue aussi Mme Antiviolences contre les femmes. Avec pour partenaires le Pnud et le Fonds des Nations unies pour la population, elle conduit depuis deux ans un projet quinquennal sur l’intégration du genre et lutte contre la violence fondée sur le genre, qui traite aussi des questions de parité, d’intégration du genre dans la planification de secteurs clés, et entend contribuer au développement d’un plan opérationnel visant à rendre disponibles les données sur la violence fondée sur le genre et à élaborer des interventions adaptées à travers la création et la consolidation de services de prise en charge des femmes victimes de violence. Déjà, dans ses projets immédiats, la création d’un observatoire maghrébin pour surveiller la violence fondée sur le genre, devrait troubler le sommeil de ceux qui prennent les femmes pour cibles.