la plus grande piraterie financière de l’Histoire
Qu’advient-il des avoirs libyens gelés par la résolution 1973 du Conseil de sécurité ? Qui a le pouvoir de les débloquer ? C’est une nouvelle résolution de ce même Conseil qui ne sera prise que si la Russie et la Chine veuillent bien ne pas s’y opposer. Estimés à 190 milliards de dollars, ces fonds, appartenant à l’Etat libyen, ne seront donc pas de sitôt mis à la disposition du CNT.
L’exemple du Luxembourg est en effet édifiant. Selon le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, les centaines de millions d'euros, de la Banque centrale et d’un fonds souverain, appartiennent certes au peuple libyen. « Leur déblocage est donc lié à l’évolution du contexte diplomatique international et à la succession démocratique de Kadhafi. »
Début mars dernier, les troubles liés à la rébellion menée en Libye contre Mouammar Kadhafi menaient à diverses décisions internationales de surveiller, repérer et, le cas échéant, geler des avoirs libyens. L’Union européenne avait mis en route la procédure pour bloquer des milliards d'euros, notamment de la Banque centrale libyenne et du fonds souverain libyen, la Libyan Investment Authority, ainsi que des avoirs «privés» suspects, liés à Kadhafi et à une vingtaine de ses proches.
Qu’est-il advenu de ces fonds et quelle sera leur destination, dans le contexte actuel qui mène à la destitution du dictateur libyen?
A la question de savoir comment et quand allait s’opérer le déblocage, Luc Frieden répond en substance que «le Luxembourg est une place financière internationale, soumise aux règles internationales et respectueuse du contexte diplomatique international». En d’autres termes, il rappelle que l’argent en question appartient, en finalité, au peuple libyen, et qu’il retournera, le moment venu, aux ayants-droits.
La Place et les autorités luxembourgeoises attendront donc que le processus démocratique se mette en place en Libye, sous l’égide de la communauté internationale.
Le CNT n’a donc qu’à attendre, en quémandant des près auprès des pays du Golfe et de l’Otan. Car les centaines de millions d’euros gelés au Luxembourg resteront bloqués. Le même ministre précise que contrairement à d’autres pays, notamment la France, le Luxembourg n’aurait pas contribué à financer la rébellion libyenne en se servant des avoirs bloqués comme garantie. «Aujourd’hui, aucun pays n’a le droit de libérer les fonds» commente encore Luc Frieden. Mais ce sera fait lorsque l’«Aube de la Sirène», l’offensive menée les 20 et 21 août et conduisant les forces rebelles à la prise de Tripoli, aura permis des jours calmes, démocratiques et officiellement bénis par les Nations Unies.