Des milliers de réfugiés se massent à la frontière tuniso-libyenne, fuyant des situations « cauchemardesques » dans les villes libyennes. L’absence de moyens aggrave le risque sanitaire
Plus de 150 000 étrangers fuyant la Libye se pressent à la frontière tuniso-libyenne, menaçant la Tunisie d’une catastrophe humanitaire sans précédent. Les Egyptiens sont les plus nombreux à s’entasser dans un périmètre réduit. Ils sont démunis. Plusieurs affirment avoir été délestés de de leurs maigres économies et des seuls biens qu’ils avaient réussi à sauver par des miliciens pro-Kadhafi pendant leur exode. Ils affirment avoir échappé à une situation « cauchemardesque » dans les villes libyennes. Ils reprochent à leur gouvernement de les avoir abandonnés et demandent la démission du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, ancien ministre de Moubarak reconduit dans le gouvernement actuel. « Nous voulons le renvoi de ce ministre » ont scandé des centaines d’entre eux devant les caméras de télévision. Ils attendent que la marine égyptienne envoie des bateaux pour les transférer en Egypte à partir du port de Zarzis.
Malgré le déploiement de tentes et de moyens de secours d’urgence, les ONG tunisiennes et arabes tout comme le HCR sont débordés. « La situation est de plus catastrophique et le flux ne tarit pas », a expliqué un représentant du Croissant rouge tunisien. Les structures d’accueil de la région sont toutes saturées. Sur place, la situation sanitaire risque de se dégrader rapidement avec l’apparition possible d’épidémies. « Pour l’instant, nous n’avons enregistré que des affections bénignes (rhumes, bronchites, fatigues, stress), mais on ne sait jamais comment la situation sanitaire va évoluer », a indiqué un jeune médecin volontaire tunisien.