Promoteur infatigable de la jeunesse, le chef de l’État a vu une de ses initiatives d’envergure se concrétiser : le 12 août, l’Organisation des Nations unies a officiellement lancé l’Année internationale de la jeunesse.
La Journée internationale de la jeunesse célébrée chaque année, le 12 août, a pris le mois dernier une autre dimension : l’Organisation des Nations unies a lancé officiellement, à cette occasion, l’Année internationale de la jeunesse (AIJ). Pendant un an, jusqu’au 11 août 2011, les jeunes du monde entier devraient faire l’objet d’une attention plus poussée de la part des gouvernements, des institutions internationales, des milieux associatifs et du monde des affaires, à travers diverses manifestations et initiatives. Surtout, ils devraient être encouragés à s’impliquer davantage dans les actions de développement et de promotion de la compréhension intergénérationnelle et interculturelle, pour un monde plus paisible et plus sûr.
Au cœur des idéologies totalitaires
C’est, en tout cas, l’idée force de l’initiateur de cette Année internationale de la jeunesse 2010, le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali. Il s’est employé, tout au long de l’année écoulée, à convaincre l’Onu et les différentes instances régionales et gouvernementales de la nécessité de dédier cette période à la jeunesse, afin de consacrer le rôle de cette tranche d’âge dans la construction d’un monde de « dialogue et de compréhension mutuelle ». Saisissant au bond cette initiative, l’Assemblée générale des Nations unies l’a définitivement endossée en décembre 2009 en proclamant 2 010 année internationale de la jeunesse. Vingt-cinq ans après la première Année internationale de la jeunesse, les jeunes du monde entier ont l’occasion, avec l’initiative du chef de l’État tunisien, d’être à nouveau au centre de l’agenda mondial. Et cela à une époque marquée par des défis posés par la mondialisation qui, en même temps qu’elle ouvre de nouvelles perspectives en transformant le monde en un « village global », charrie des menaces inédites, particulièrement pour la jeunesse.
Dans cet ordre d’idée, le thème « Dialogue et compréhension mutuelle », proposé par la Tunisie pour cette AIJ et adopté à l’unanimité par la résolution onusienne de décembre, est particulièrement bienvenu. Les développements récents de la société de l’information tout comme les progrès technologiques qui ont rétréci les distances et créé de nouvelles communautés, notamment sur la Toile, ont rapidement montré leurs limites à enrayer les haines, les intolérances et les fanatismes aujourd’hui plus terrifiants encore qu’ils ne l’étaient il y a un quart de siècle. Catégories vulnérables, les jeunes se retrouvent au cœur de ces idéologies totalitaires et au centre de nombreux conflits interreligieux ou interethniques où ils servent souvent de bras armés de forces tapies dans l’ombre. L’AIJ fournit une occasion exceptionnelle de réconcilier les jeunes de toute la planète avec les valeurs de paix, de tolérance religieuse et politique, d’acceptation des différences et de respect de cultures diverses et d’opinions si essentielles à la paix sociale et au devenir des nations.
L’Année internationale de la jeunesse peut ainsi servir à éteindre les foyers de conflits, tout comme elle peut contribuer à « rallumer une économie qui vacille », selon l’expression du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Dans un monde qui sort péniblement de la plus grave crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale, l’énergie propre à la jeunesse est un atout certain pour relancer l’économie mondiale en mal de créativité et de repères éthiques. Pour autant, les jeunes n’auront pas été épargnés par la crise, figurant même parmi les principales victimes du chômage, occasionné essentiellement par l’insouciance ou l’impréparation de leurs aînés.
« L'instabilité économique actuelle a eu un impact négatif sur les perspectives de l'emploi décent des jeunes. Aujourd'hui, les jeunes sont confrontés à une incertitude croissante dans leur transition vers des emplois décents. La crise économique mondiale a encore exacerbé leur vulnérabilité sur le marché du travail », déplore l’Organisation internationale du travail (OIT).
Les statistiques fournies par l’OIT le montrent bien : « Entre 2008 et 2009, le taux de chômage a enregistré la plus forte hausse annuelle inversant la tendance d'avant crise, c’est-à-dire un taux en baisse depuis 2002. À la fin de 2009, sur quelque 620 millions de jeunes économiquement actifs, 81 millions – ou 13 % – étaient au chômage. Cette augmentation a été de 7,8 millions de plus que le chiffre de 2007, au début de la crise mondiale. Aujourd’hui, les jeunes sont presque trois fois plus susceptibles que les adultes d'être au chômage. »
Dans certains pays, apprend-on encore, de nombreux jeunes travailleurs ne bénéficient pas d’emplois décents et sont pris dans le cercle vicieux de la pauvreté. « En 2008, plus de 28 % de tous les jeunes travailleurs, ou 152 millions de personnes, vivaient dans les ménages survivent avec moins de l'équivalent de 1,25 dollar par jour. »
La situation est encore plus dramatique dans les pays en développement où vivent, selon l’Onu, 87 % des jeunes (entre 15 et 24 ans selon les critères onusiens). Dans de nombreux pays d’Afrique, au sud du Sahara notamment, le taux de chômage de cette tranche d’âge dépasse 50 % et il n’est pas rare, dans de nombreuses capitales africaines, de rencontrer des jeunes titulaires de maîtrises et de mastères se débrouiller en faisant le moto taxi pour survivre. Sur un continent où plus de la moitié du milliard d’habitants a moins de 21 ans et plus des deux tiers moins de 30 ans, la bombe sociale à retardement n’est pas loin.
D’où les immenses espoirs que fondent les jeunes d’Afrique dans cette Année internationale de la jeunesse, dont ils espèrent qu’elle décidera les gouvernants à investir davantage dans leur intégration dans le circuit économique et social, principalement dans le financement des projets qu’ils portent.
C’est l’essentiel du message qu’ont donné les associations de jeunes d’Afrique à la Conférence mondiale de la jeunesse de Mexico (23-27 août). L’objectif phare de cette réunion (qui regroupait en réalité trois événements majeurs : le Forum des gouvernements, le Forum des législateurs et le Forum social formé par la Réunion globale des ONG et le Village global de la jeunesse) était de rédiger une déclaration représentant la voix de la jeunesse mondiale en rapport avec les onze axes thématiques de la Conférence, à savoir : la pauvreté et l’exclusion, l’emploi, l’éducation, la technologie et l’innovation, la santé, l’égalité des sexes, la sécurité, la justice sociale et les droits humains, le développement durable, la migration internationale et enfin la participation citoyenne et la coopération.
1,2 milliard de jeunes
La communauté internationale sera-t-elle en mesure de saisir l’opportunité de l’AIJ pour donner aux jeunes, qui représentent 18 % de la population mondiale (soit 1,2 milliard de personnes), les moyens d’être des vecteurs de changement et de transition vers un monde plus juste et plus apaisé ? Il faut l’espérer. À Tunis, l’initiateur de cette vaste entreprise, le président Ben Ali, s’était déjà illustré par ses multiples actions en faveur de la jeunesse, dont les plus retentissantes restent le dialogue régulier avec elle et l’affectation de l’essentiel du budget public à l’éducation, à la santé et à l’emploi des jeunes. Ouvrant l’Année dans son pays, il a redit à ses jeunes compatriotes des mots que les jeunes du monde entier aimeraient tant entendre de leurs dirigeants, accompagnés de mesures concrètes, comme c’est déjà le cas en Tunisie dans bien de domaines : « L’avenir ne peut être construit que par vous, avec vous et pour vous. »