Mme Leila Ben Ali a apporté à l’Organisation de la femme arabe (Ofa) une nouvelle vision du droit des femmes.
Les responsables tunisiennes parlent plus volontiers d’expérience de promotion des droits de la femme en Tunisie que de « modèle de libération de la femme tunisienne ». S’il doit un peu à la modestie des interlocuteurs, ce choix relève aussi de leur volonté d’afficher leur pragmatisme et d’affirmer le caractère évolutif du processus d’émancipation à l’œuvre depuis un demi-siècle.
Présidente depuis deux ans de l’Organisation de la femme arabe (Ofa), l’épouse du chef de l’État, Leila Ben Ali s’est attachée à partager cette expérience avec ses sœurs arabes. À l’heure du bilan, fin octobre prochain à Tunis, forte des acquis des femmes tunisiennes, elle exposera la part prise par la Tunisie dans la définition d’une voie originale de libération des femmes arabes, dans une démarche alliant « authenticité et modernité ». Elle n’a cessé de le répéter dans les différentes réunions de l’Ofa : « La démarche de la Tunisie est l’émanation d’une interprétation éclairée de son héritage arabo-musulman et l’aboutissement d’un vaste courant réformiste amorcé depuis le xixe siècle. » Les droits acquis en Tunisie peuvent aussi bien être reconnus aux femmes arabes dans leur pays.
Veiller aux évolutions législatives
Les deux années de présidence tunisienne de l’Ofa – créée à la suite du sommet des femmes arabes du Caire en 2000, à l’initiative de la Tunisie – ont été menées tambour battant par Mme Ben Ali, qui a fait de Tunis la capitale de la femme arabe. Elles ont été marquées par la tenue de plusieurs conférences et colloques internationaux afin de définir une stratégie de promotion de la femme arabe, confrontée à des mutations économiques, sociales et culturelles majeures dans un espace international mondialisé. Parmi les conférences marquantes de cette présidence, notons celle de Tunis sur le thème de la « violence faite aux femmes », qui a permis de cerner le phénomène, de le dénoncer et de définir une stratégie de lutte pour l’endiguer et de prévoir la création des centres refuges en faveur des victimes de la violence. En avril, s’est par ailleurs tenu, en marge de la conférence mondiale de la femme de Pékin, un colloque portant sur l’intensification des programmes de mise à niveau des femmes arabes en vue de renforcer leur autonomie. La 4e réunion du conseil supérieur de l’Ofa a pour sa part donné lieu à l’adoption plusieurs propositions de Mme Ben Ali, dont la création d’un observatoire des législations sociales et politiques sur la condition des femmes arabes. Il est appelé à veiller aux évolutions législatives des pays membres et à leur harmonisation avec l’ensemble plus vaste des législations internationales en faveur des femmes.