L’Algérie recèle un potentiel important d’hydrocarbures qu’il lui revient de mettre à jour et de développer. Dans un entretien à l’APS, le nouveau ministre algérien de l’Energie et des mines, Youcef Yousfi, a douché les ardeurs de certains experts nationaux et étrangers qui plaidaient ces derniers temps pour une réduction de l’effort pétrolier algérien afin, disaient-ils, de préserver cette ressource non-renouvelable pour les générations futures, selon une « fausse bonne idée » largement répandue.
« L’Algérie va intensifier l’effort d’exploration pour accroître ses réserves d’hydrocarbures, assurer des moyens suffisants au développement et garantir la sécurité énergétique du pays », a-t-il dit. Trois missions qui sont dévolues à Sonatrach, qui a lancé un programme d’investissements ambitieux de plus de 60 milliards de dollars couvrant 2010-2014 pour notamment augmenter ses capacités d'exportation de gaz.
« Les investissements réalisés par Sonatrach pour le renforcement de ses capacités de production et d’exploration de gaz naturel s’inscrivent dans une vision à long terme et ne dépendent pas de circonstances particulière et ponctuelles », a souligné par ailleurs M. Yousfi. Il a annoncé la prochaine mise en service du gazoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, qui permettra la livraison de 8 milliards de M3 à l’Europe. L’Algérie assure actuellement 12% de l’approvisionnement européen par deux gazoducs la reliant à l’Italie et à l’Espagne, et d’importantes fournitures de gaz naturel liquéfié (GNL). L’Algérie, qui s’intéresse de plus en plus au marché asiatique, table sur des exportations de gaz de 100 milliards M3 à l’horizon 2015, contre 60 milliards M3 environ actuellement. Le marché international de gaz est perturbé par l’apparition de gaz non-conventionnels aux Etats-Unis. Les consommateurs, s’appuyant sur le marché « spot », voudraient modifier à la baisse les conditions contractuelles de fixation des prix qui les lient aux grands exportateurs. La compagnie publique algérienne a par ailleurs annoncé plusieurs découvertes durant l’année 2009-2010 – seule ou en partenariat avec des opérateurs étrangers -, confirmant ainsi le potentiel du pays. Une vingtaine de compagnies étrangères y travaillent en partenariat avec Sonatrach. Celle-ci opère seule 42 périmètres de recherche d’une superficie d’environ 220.000 Km2, et 16 périmètres de prospection d’une superficie de 500.000 Km2. Mais les deux tiers du périmètre minier national (1,5 millions Km2) restent inexplorés. La moyenne des puits forés dans ce vaste domaine est de 13 pour 10.000 Km2 en Algérie, contre 105 dans le monde.
M. Yousfi avait annoncé en septembre qu’Alger envisageait, dans le cadre de sa politique de diversification et de sécurité énergétique, d’explorer les gisements de gaz non-conventionnels sur son territoire et d’étendre sa production d’électricité à partir de sources renouvelables. Il a marqué son intérêt pour le projet Desertec d’énergie solaire – porté à bout de bras notamment par l’Allemagne en association avec la France, la Tunisie et l’Egypte — en soulignant toutefois que « l’implication directe de l’Algérie doit être compatible avec ses intérêts ».