Alger réagit à la situation en Libye
"L'Algérie n'a soutenu, sous aucune autre forme, le régime de Khadafi"
«C’est bien l’Algérie qui a souffert le plus des nuisances de l’ancien régime sur de nombreuses questions sensibles telles que les frontières, le Censad, l’Etat unitaire touareg, etc», explique une source des Affaires Etrangères.
Accusée par la presse nationale d’un étrange silence sur l’accélération des événements en Libye, l’Algérie explique sa position.
Dans une déclaration à L’Expression, une source du ministère des Affaires étrangères a estimé que Alger « nous ne succombons ni au mimétisme, ni à l’émotion et encore moins au diktat de l’actualité événementielle», a-t-elle expliqué, sous le couvert de l’anonymat. Et d’apporter encore quelques précisions pour tirer au clair l’approche de l’Algérie à ces événements. «Notre approche est rationnelle et réfléchie parce qu’elle se fonde sur la prise en compte de nos propres intérêts de sécurité nationale et ces intérêts nous commandent, aujourd’hui, de nous concentrer sur une double préoccupation», a-t-elle dit. Le même interlocuteur a fait savoir, également, que la sécurité et la stabilité durables de la Libye demeurent une préoccupation essentielle de l’Algérie, car elle ne manquera pas d’avoir des répercussions cruciales sur le voisinage immédiat.
L’autre question qui s’impose du côté d’Alger est liée au devenir des stocks d’armements qui circulent dans ce pays voisin. «Entre autres questions qui s’imposent, figurent la question du devenir de stocks d’armements de cette gigantesque armurerie qu’est la Libye et celle relative au rôle des particularismes tribaux et régionaux dans l’éventuelle exacerbation du potentiel d’instabilité.» L’autre aspect développé par cette source diplomatique d’Alger est relative au sujet de l’avenir unitaire et démocratique de ce pays. «Cette préoccupation n’est pas une vue de l’esprit quand on connaît la composition hétérogène, la position hégémonique de certains courants radicaux et le potentiel des forces centrifuges». Au sujet du mutisme d’Alger dont a fait part la presse nationale, le même vis-à-vis a estimé que «l’Algérie s’exprimera sur la situation en Libye, lorsqu’elle le jugera approprié et en tenant dument compte de l’ensemble des paramètres relatifs à une analyse minutieuse de la réalité sur le terrain et de toutes ses implications locales et régionales car notre sécurité est liée au rétablissement de l’ordre et de la stabilité en Libye».
Et d’ajouter que cette position de l’Algérie ne traduit nullement une gêne quelconque face au changement de régime en cours en Libye car «il faut garder à l’esprit que c’est bien l’Algérie qui a souffert le plus des nuisances de l’ancien régime sur de nombreuses questions sensibles telles que les frontières, le Censad, l’Etat unitaire touareg, etc… ». Par la même occasion, Alger rappelle que depuis le déclenchement du mouvement de contestation à Benghazi à la mi-février, «notre pays n’a soutenu, ni politiquement, ni militairement, ni sous aucune autre forme, le régime de Kadhafi». Concernant l’avenir des relations avec la Libye, avec un CNT au pouvoir, la même source explique : «Nous n’avons pas, non plus, de prévention particulière à l’égard du CNT avec lequel nous avions déjà ouvert des passerelles de communication, si ce n’est les préoccupations essentielles au sujet de la sécurité et la stabilité durables de la Libye, de son avenir unitaire et démocratique et de leurs éventuelles retombées sur notre pays».