Rencontre L’hebdomadaire tunisien « Réalités » a dédié, les 28 et 29 avril à Hammamet, son 13e forum international à « L’Europe, le Maghreb et l’Afrique : pour un nouveau partenariat global ». Deux anciens premiers ministres, le Français Dominique de Villepin et l’Algérien Smaïl Hamdani, dont nous publions ici l’essentiel de la contribution, ont participé à ce débat passionnant et passionné.
Après un demi-siècle d’indépendance, le Sud, le Maghreb et l’Afrique vivent ou ont vécu des problèmes du sous-développement légué par le système colonial. S’y ajoutent les difficultés générées par le développement lui-même et par l’interdépendance. Ou plus exactement, par la dépendance telle que nous l’avons vécue, par exemple avec la crise des subprimes des banques américaines.
Un concept économique
Le partenariat ? Qu’est-ce que cela signifie en économie ? La liberté de circuler pour les marchandises, les capitaux, les services et les personnes ? Ou seulement les trois premières, à l’exclusion de la quatrième ? Plutôt cette dernière option, tant est bannie la circulation des personnes dans le Nord.
Le partenariat se résume-t-il au commerce ou au marché pour les uns et à l’investissement productif et au développement sous-économique pour les autres ? Ou à un équilibre entre les deux voies ? Quels instruments de mesure du partenariat adopter ? Le nombre d’emplois créés ? La balance des paiements ? L’évolution du revenu par tête d’habitant ? L’indice du développement humain ?
Par ailleurs, la globalisation fait que nous ne sommes plus seulement entre Européens et Africains. Les autres s’intéressent à nous aussi et, en premier lieu, les États-Unis. Leur président a, dans ses discours du Caire et d’Accra, pour la première fois de l’Histoire, marqué son intérêt pour le monde arabo-africain ou, plus exactement, africano-arabo-musulman.
La Chine est présente en Afrique. Elle renforce sa présence d’année en année, elle est agressive. Est-ce péjoratif ? Laudatif ? Les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) et d’autres pays asiatiques (Corée du Sud, Malaisie, Turquie…) s’annoncent à l’horizon. Les initiatives se développent au niveau Sud-Sud. La diversification s’impose donc d’elle-même ; elle peut et doit être dans notre intérêt bien compris.
Compétition et écoute
Je dis aux Européens et notamment aux six pays européens coloniaux : vous avez peut-être un avantage historique et géographique, c’est une sorte d’avantage comparatif. À vous, donc, d’être plus compétitifs et plus « agressifs » afin de répondre le mieux possible à nos attentes ; à vous aussi d’être à notre écoute sans la recherche, notamment, de la sécurité qui doit être appréhendée dans son indivisibilité ; à vous de dire que l’occupation est une violence, et que la résistance à cette violence est, par conséquent, légitime. À vous enfin de dire et d’agir pour combler les profondes inégalités entre le Nord et le Sud.
Le terme de « global » de notre partenariat réunit tant les aspects politiques, sécuritaires, que les aspects socio-économiques, culturels et humains, qui sont surtout indivisibles, comme sont indivisibles les droits de l’homme dans tous les volets, certes politiques, mais aussi économiques.