Algérie Le président Bouteflika a choisi un enfant de la maison, Noureddine Chérouati, pour administrer la Sonatrach. Le staff de la direction a aussi été renouvelé et voit arriver une femme parmi ses vice-présidents.
Des sables chauds des sites de production à l’imposant siège de verre de la Sonatrach, dans la zone résidentielle du Paradou, à Alger, l’itinéraire de Noureddine Chérouati, 63 ans, est celui d’un pétrolier pur jus. Il remplace à la tête de la compagnie publique d’hydrocarbures – qui assure 97 % des recettes extérieures du pays et 65 % de ses recettes fiscales – Mohammed Méziane, suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle judiciaire au début de l’année, dans le cadre d’une information judiciaire pour violation de la réglementation en vigueur sur la passation des marchés publics. Après un court intérim assuré par Abdelhafid Feghouli, le nouveau « patron » de la Sonatrach a été installé dans ses nouvelles fonctions par le ministre de l’Énergie et des Mines Chakib Khelil. Les deux hommes se connaissent bien : en 2000, à son entrée au gouvernement, Khelil avait fait appel à Chérouati pour occuper le secrétariat général du ministère.
Une gestion rigoureuse
Noureddine Chérouati est un enfant de la côte ouest d’Alger. Né à Fouka, il appartient à une grande famille d’excellente renommée. Il est lui-même reconnu par ses collègues et collaborateurs pour son intégrité et sa rigueur dans la gestion de ses relations personnelles. Il a toujours su séparer le privé du professionnel, selon eux. Ingénieur de formation, il rejoint la compagnie pétrolière dès la fin de ses études en participant en 1971 à l’épopée des nationalisations des hydrocarbures, qui a soudé toute une génération de jeunes cadres pétroliers placé devant un redoutable défi : prendre au pied levé la relève des cadres français.
Il assume pendant une dizaine d’années diverses fonctions dans le raffinage, le transport et la commercialisation, avant d’être appelé au ministère de l’Énergie en tant que directeur central. En 1991, il est promu pour quatre ans à la tête du cabinet du ministre, avant de réintégrer la Sonatrach, pour un an, en tant que conseiller de la direction. Il prend ensuite la direction de Naftal, une filiale chargée de la commercialisation des carburants, qu’il redresse en modernisant ses équipements, et revoit de fond en comble son mode de gestion et son organisation. Il est le premier à y introduire des outils d’évaluation rigoureux, notamment dans la gestion des carrières.
Après un passage de deux ans au secrétariat général du ministère, Chakib Khelil le nomme administrateur délégué de Mariconsult, une société mixte entre Sonatrach et le pétrolier italien Eni. Il y entre, pour le compte de la Sonatrach, en tant que manager au sein de la société de l’oléoduc transméditerranéen algéro-italien. En 2005, il est rappelé à Alger pour diriger la toute nouvelle Autorité de régulation des hydrocarbures, chargée de veiller à l’application de la réglementation en matière de tarifs, de transport et de stockage des hydrocarbures. Avec une autre agence publique de régulation, Alnaft, elle est le gendarme du secteur.
Sonatrach a bien accusé le coup après la suspension du précédent PDG, une décision sans précédent dans les annales. Passé le premier choc, l’épreuve a été très rapidement surmontée. Sous intérim, la société a continué à fonctionner sans a-coups, confirmant ainsi la bonne solidité de son management. Noureddine Chérouati, dont la feuille de route est toute tracée, sera entouré d’une nouvelle direction comprenant, pour la première fois, une femme : Yamina Hamdi, chargée de la commercialisation. Une vice-présidence stratégique. Elle siégera aux côtés de Abdelkader Benchouia, qui prend en charge l’aval (raffinage, pétrochimie…), Saïd Sahnoun, placé à la tête de l’amont pétrolier (exploration, production) et Alloua Saïdani (transport).