Ce « complot » sert-il d’alibi à la reconnaissance par Tunisie du CNT ?
Vrai ou intox ? Les nouvelles autorités de transition en Tunisie, ont déclaré avoir déjoué un « projet d’attentat à l’explosif » contre une ambassade arabe à Tunis. Curieusement cette annonce coïncidait avec la reconnaissance par Tunis du Conseil national de transition comme seul pouvoir légitime en Libye.
L’aide massive et multiforme accordée par la Tunisie à la rébellion libyenne, notamment l’acheminement d’armes et d’ « experts » étrangers qui ont servi à organiser l’attaque surprise contre la capitale libyenne avait choqué l’opinion publique dans le sud tunisien qui vit essentiellement, par les temps qui courent, des échanges avec les loyalistes et les rebelles. L’activisme de l’ambassade du Qatar avait également indigné l’opinion publique en Tunisie. Le 16 août, plusieurs centaines de Tunisiens avaient organisé une manifestation devant l'ambassade du Qatar dans la capitale de la Tunisie. Ils protestent contre la flagrante intervention du Qatar depuis le sol Tunisien pour transmettre des mercenaires, des armes vers les rebelles, sur instigation de l’Otan.
Cette partialité flagrante du nouveau pouvoir tunisien avait également entrainé des heurts armés entre l’armée nationale tunisienne et des éléments armés pro-Kadhafi peu avant la bataille de Tripoli.
Selon certains observateurs, l’annonce d’une découverte d’un « complot » pour faire exploser une ambassade arabe à Tunis vise à remonter l’opinion publique contre le régime libyen afin de l’amener à avaliser la reconnaissance du CNT, une mesure considérée comme une violation de la traditionnelle neutralité tunisienne.
Les détails de ce complot ne sont pas convaincants. Dans une conférence de presse tenu le lundi 22 août à Tunis, le colonel tunisien Mokhtar Ben Nasser dévoila qu’« un militaire libyen, le colonel Abdelrazak Rajhi, chargé de perpétrer un attentat à Tunis, s'était rendu vendredi 19 à l'armée tunisienne ». « Ce projet d'attentat a été programmé par Kadhafi, il visait à faire dérailler la révolution tunisienne », a déclaré, à ses côtés, le colonel libyen Rajhi, présent au point de presse au ministère de la Défense. Il n'a pas précisé quelle était l'ambassade visée.?Le colonel libyen, entré en Tunisie le 30 juillet, n'est pas en état d'arrestation. « Au contraire, il sera remercié pour avoir permis de déjouer cet attentat », a précisé le colonel tunisien.
Toujours selon ce colonel, 16 kilos d'explosifs et des détonateurs avaient été saisis.»
Selon cette version, l’officier libyen était entré en Tunisie le 30 juillet avec sa famille, par le poste-frontière de Ras Jdir, muni des explosifs qui n'ont pas été détectés et s’est installé dans le quartier très chic d’Ennasr, à Tunis. Il avait gardé contact, jusqu’au 10 août avec son hiérarchie qui le relançait pour accélérer l’exécution de l’attentat.
C’est alors qu’il aurait décidé de s’en remettre aux autorités militaires tunisiennes et aurait pris contact à cet effet avec le colonel Fethi Ben Anaya, vendredi 19 août et lui a dévoilé la mission dont il avait été chargé, demandant des garanties de sécurité et remettant les explosifs.