Un tel retrait signifierait un important tournant dans la guerre actuellement en cours. La zone attire les principaux représentants occidentaux.
L’armée de Kadhafi, tenue en échec par les rebelles qui lui résistent depuis plus de cinq semaines, va-t-elle quitter enfin Misrata ? C’est ce qu’a laissé entendre le vice-ministre des Affaires étrangères libyen, Khaled Kaïm, dans une déclaration destinée à préparer l’opinion à cette retraite, qui pourrait marquer un tournant dans le conflit en cours.
Misrata, troisième ville du pays, qui abritait au début de la guerre quelque 300 000 habitants, est en effet un verrou stratégique en direction de Benghazi à l’est (objectif des troupes régulières) et de Tripoli à l’ouest (objectif des insurgés). Située à 200 km à l'est de Tripoli, Misrata est le théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre la rébellion et les forces régulières de Kadhafi. Le pilonnage ininterrompu de la ville par les troupes régulières, qui a fait plusieurs dizaines de morts, n'a pas eu raison de la détermination des insurgés à repousser les pro-Kadhafi, qui ont aussi utilisé des snipers postés sur les toits des établissements publics pour les contrer. Khaled Kaïm a reconnu que retrait de l’armée régulière de Misrata serait un tournant dans la bataille pour le contrôle de cette ville. "La tactique de l'armée était d'avoir une solution chirurgicale à Misrata, mais cette solution n’a pas marché à cause les raids aériens de l'Otan », a-t-il dit. Le régime préconise désormais de confier aux tribus le « traitement de la situation ».
« La situation à Misrata sera résolue. Elle sera traitée par les tribus autour de Misrata et les habitants de Misrata et non plus par l'armée libyenne, en utilisant la force ou les négociations (…). L'armée libyenne sera hors de la situation", a-t-il dit.
Le vice-ministre libyen a par ailleurs critiqué la visite à Benghazi, bastion de l'opposition à 1.000 km à l'est de Tripoli, du sénateur républicain américain John McCain, qui s'est entretenu avec les responsables du CNT et appelé "la communauté internationale à reconnaître le CNT comme la voix légitime du peuple libyen" et à lui fournir des armes.
M. McCain est la plus haute personnalité américaine à se rendre en Libye depuis le début du soulèvement populaire contre le régime de Mouammar Kadhafi à la mi-février. Le président français Nicolas Sarkozy préparerait aussi une visite à Bengahzi en compagnie du Premier ministre britannique David Cameron, selon le quotidien Le Monde.
Le Conseil national de transition (CNT) de la rébellion ne représente pas le peuple libyen et n'a « aucune autorité sur le terrain », a déclaré M. Kaïm.
Partisan farouche de l'intervention militaire internationale en Libye, le sénateur américain a voulu par ailleurs dissiper la crainte d'un péril islamiste en Libye. "J'ai rencontré ces grands combattants. Ce ne sont pas des gens d'Al-Qaïda. Au contraire, ce sont des patriotes libyens [et Benghazi est] un exemple puissant et plein d'espoir de ce que peut être une Libye libre".
Ces deux dernières semaines, 15.000 Libyens ont fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés redoute que ce ne soit que le début d'un exode "plus important". Selon le HCR et l'Organisation internationale des migrations, plus de 550.000 personnes ont déjà fui la Libye.