Au cours d’une conférence de presse donnée à Paris, les membres du CNT libyen s’en sont pris à l’Algérie.
En visite à Paris, le chef du Conseil national de transition de Benghazi n’a pas manqué d’énergie pour accuser l’Algérie d’avoir aidé le régime de Kadhafi. Sans apporter la moindre preuve. Lors d’une conférence de presse organisée par le Centre d’accueil de la presse étrangère, mercredi 20 avril, Ali al-Issaoui, le responsabledes relations extérieures du CNT a affirmé, en réponse à une question d’un journaliste à propos de la présumée aide algérienne au régime libyen, qu’« il y a beaucoup d’informations à ce sujet. Bien plus que la presse n'en a publié. » Et d’ajouter : « Nous ne souhaitons pas publier ces informations directement, en particulier, quand cela concerne des pays arabes frères et voisins parce que nous avons le souci de la cohésion arabe et nous pouvons discuter de tout cela de façon bilatérale. »
Un autre membre de la délégation, qui comprenait également l’ancien ambassadeur libyen à Paris qui a fait défection, a été plus bavard que son supérieur hiérarchique. Interrogé par le site atlasinfo.fr, il a répondu : « Le CNT dispose d’importantes informations » à propos de cette aide. « Il y a un soutien logistique extraordinaire de la part de l’Algérie au régime du dictateur libyen. C’est normal, ce sont deux dictateurs qui s’entraident. Mais nous verrons tout cela après notre victoire », a-t-il confié. Sans donner aucune information vérifiable. Lors de cette même conférence de presse au CAPE, les journalistes ont été surpris par l’absence d’Abdurrahman Shalgham, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien haut représentant de la Libye auprès des Nations Unies qui a rejoint les rebelles aux premiers jours du soulèvement. Son nom avait été pourtant annoncé. S’agit-il d’un contretemps involontaire ou d’un début de divergence avec ses nouveaux alliés de Benghazi ?
Deux jours auparavant, le CNT avait déposé une plainte auprès de la Ligue des États arabes, au Caire, contre l’Algérie. Cette plainte a été rejetée par la Ligue, qui ne cachait pourtant pas sa sympathie pour les insurgés libyens.
Selon un haut responsable du ministère algérien des Affaires étrangères, cité par le site TSA (tout sur l’Algérie) : « Cette soi-disant plainte, qui n'est qu'un assortiment de commérages collectés sur des sites internet hostiles a l'Algérie, a été rejetée, tant sur le plan du fond que celui de la forme. Elle a été déclarée irrecevable par le Secrétaire général de la Ligue arabe au motif que ses inspirateurs ne représentent pas l'État libyen dont la participation aux réunions de la ligue arabe a été, comme chacun le sait, suspendue ». (vendredi 22 avril).
Le même jour, Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, a une nouvelle fois rejeté les accusations de l’opposition libyenne sur les ondes de la chaîne 3 de la radio algérienne : « Nous avons, au niveau du ministère des Affaires étrangères, apporté les démentis les plus clairs à ces accusations. Au–delà, nous avons eu à exprimer notre conviction au sujet de ces accusations que nous considérons comme dilatoires, basées sur des agendas qui n'ont rien à voir avec l'affaire libyenne. Elles sont beaucoup plus anciennes que la crise en Libye, cela est très clair ».
Depuis le début de la crise libyenne, le CNT a tout fait pour être reçu par Alger. Sans succès. Ce ne sont certainement pas les accusations lancées à l’emporte pièce contre l’Algérie qui vont, en tout cas, lui faciliter la tâche.