Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a opté pour une réforme globale des institutions dans la continuité. Dans un discours à la Nation, diffusé en direct par la télévision nationale vendredi 15 avril au soir, le chef de l’Etat a énuméré les grands chantiers des réformes qu’il compte engager dans les prochains jours pour qu’elles soient effectives d’ici aux prochaines échéances électorales en 2012.
Le chantier le plus important est celui de la Constitution. Une commission d’experts et de représentants nationaux doit être formée pour formuler des projets d’amendements. Ils seront soumis à approbation soit par la voie parlementaire soit par référendum populaire, a dit le chef de l’Etat.
Il avait fait part à plusieurs reprises depuis son élection en 1999 de son intention de réviser la Constitution actuelle. Hérité pour l’essentiel de la loi fondamentale de 1976, le texte actuel a subi plusieurs aménagements en fonction de la conjoncture politique. En 1989 après les émeutes d’octobre 1988, il a été notamment expurgé de toute référence au socialisme et enrichi de plusieurs articles mettant fin au parti unique et ouvrant ainsi le pays au pluripartisme.
Mais le texte reste obscur sur plusieurs points et quelque peu bancal dans certaines de ses dispositions. La dernière modification de la Loi fondamentale remonte à 2008. Elle a consisté à clarifier les rôles respectifs du chef de l’Etat et du Premier ministre et à supprimer la limitation à deux le nombre des mandats consécutifs du président de la république. C’est sur la base de cette révision que M. Bouteflika a pu se présenter en avril 2009 à un troisième mandat présidentiel.
Certains acteurs politiques plaident pour que le régime évolue vers le parlementarisme, mais il est fort probable que c’est le régime présidentiel qui sera confirmé par les futurs amendements, dans la continuité des institutions mises en place depuis l’indépendance du pays en 1962.
Le président Bouteflika a par ailleurs annoncé une « réforme profonde » de la loi électorale et des lois sur les partis et les associations de la société civile. Il s’agit, a-t-il dit en substance, d’assurer une meilleure représentation des Algériens dans les différentes assemblées locales, régionales et nationales, mais d’impulser aussi la participation des citoyens aux affaires politiques. Les détails de ces révisions n’ont pas été donnés. Ils seront élaborées en concertation avec l’ensemble des partis agrées (plus de trente), qu’ils soient ou non représentés dans les assemblées parlementaires. La parité hommes-femmes y sera introduite.
Deux autres réformes importantes font partie de ce train : la dépénalisation des délits de presse – une revendication de longue date des journalistes algériens – et une ouverture plus large des médias publics : radios et télévisions aux différents acteurs nationaux. Il n’est pas envisagé à ce stade l’ouverture au privé de l’audio-visuel. Plusieurs dizaines de journaux indépendants, en arabe et en en français, sont apparus depuis une vingtaine d’années. Financés pour la plupart d’entre eux par la publicité publique, ils usent d’un ton critique à l’égard des pouvoirs, dont on ne trouve pas de semblables dans les pays arabes et africains.
Le président algérien s’est de nouveau engagé à assainir l’environnement des entreprises et à améliorer le climat des affaires dans le pays, en accentuant la lutte notamment contre la corruption et la bureaucratie. Plusieurs mesures dans ce sens avaient été prises en 2010 pour renforcer le contrôle sur les finances publiques et la passation des marchés de l’Etat. Mais les Algériens continuent à se plaindre des lenteurs de l’administration et de l’opacité qu’ils disent constater dans le traitement des dossiers touchant à leur vie quotidienne, comme celui du logement.