Les Harragas inquiètent Berlin et Paris, ce qui n’excuse en rien les propos du ministre français de l’Intérieur
Le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, a mis ses pas dans ceux du Front National de Marine Le Pen, en annonçant jeudi 7 avril que Paris voulait "réduire l'immigration légale" en France et restreindre le droit d'asile.
Dans un entretien au quotidien Le Figaro, M. Guéant, qui s'est distingué ces dernières semaines en affirmant successivement qu'il y avait "trop de musulmans" en France, que leur grand nombre "pose un problème" et que les Français "ne se sentent plus chez eux", a ajouté qu'il allait limiter le nombre de bénéficiaires du regroupement familial, et que la France est plus "généreuse" que le reste des pays européens en matière de droit d'asile.
M. Guéant a déjà émis les plus vives réserves sur la décision de l'Italie d'accorder des permis de séjour provisoires à 22 000 nouveaux immigrés d'Afrique du Nord – en majorité des Tunisiens – échoués sur les plages de l'île de Lampedusa, leur permettant de circuler dans l'"espace Schengen", comprenant la France. Il est vrai que cette décision, annoncée après une visite à Tunis de Silvio Berlusconi, n'est pas sans arrières-pensées : la quasi-totalité des migrants tunisiens ne veulent pas rester en Italie, mais entrer en France où il peuvent compter sur leur parentèle déjà installée dans l'Hexagone.
Alors que Tunis n'a accepté de reprendre que ses ressortissants qui acceptent de retourner chez eux "sur une base volontaire", Rome a trouvé dans les permis de séjour temporaires un moyen commode de refiler la patate chaude à Paris et Berlin, les deux principales destinations finales présumées des "harragas". L'Italie avait alerté les Européens qu'après le renversement de Ben Ali en Tunisie et la guerre en Libye, elle s'attendait au déferlement de 300 000 à 500 000 migrants illégaux en provenance de ces deux pays.