La riposte syrienne contre la France se précise.
La politique offensive de Sarkozy en Libye, en Afghanistan et vis-à-vis de la Syrie va-t-elle exposer la France à des représailles ? L’attentat de Marrakech, le 28 avril, où huit touristes français ont été tués, était selon certains observateurs, un « avertissement » adressé à la France par des groupuscules téléguidés par la Libye.
Le bras de fer entre la France et la Syrie, selon les mêmes observateurs, risque également d’avoir des répercussions sur la scène libanaise. Ce n’est plus une simple hypothèse de travail depuis que, le 26 juillet dernier, alors que les relations entre Paris et Damas se détérioraient dangereusement, une bombe a explosé près de l'entrée sud de Saïda, au Sud-Liban, au passage d'un véhicule de la Force intérimaire des Nations unies au Liban. Six casques bleus français ont été blessés.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait alors condamné avec la plus grande fermeté l'attentat de Saïda.
« La France demande que toute la lumière soit faite sur cet attentat. Nous appelons les autorités libanaises à tout mettre en oeuvre pour que les responsables soient jugés », écrit-il dans un communiqué.
La Finul compte autour de 12.000 hommes, dont un contingent français, depuis que ses effectifs ont été étoffés après l'adoption de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a mis un terme à la guerre entre le Hezbollah et l'armée israélienne dans le sud du Liban à l'été 2006.
Le 18 août, le quotidien francophone libanais l’Orient-Le-Jour, publie la teneur d’une lettre que le président Nicolas Sarkozy avait adressée, en date du 3 août, à son homologue libanais Michel Sleiman et à son nouveau Premier ministre Nagib Mikati (pro-syrien) dans laquelle il souligne que la France pourrait repenser sa présence au sein de la Finul en cas d’une nouvelle attaque contre le contingent français.
Voici les principaux extraits de cette lettre :
« La résolution 1701, adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité le 11 août 2006, avait pour objectif la restauration de la souveraineté libanaise sur l’ensemble du territoire, matérialisée par le retour des Forces armées libanaises (FAL) au Liban-Sud. Dans ce contexte, la Finul avait notamment reçu pour mandat d’accompagner le déploiement des FAL au sud du Litani.»
« Depuis lors, des mesures significatives ont été prises pour mettre en œuvre cette résolution : les FAL sont revenues au Liban-Sud, symbolisant la progression vers une restauration de l’autorité de l’État dans cette région ; l’an dernier, une brigade supplémentaire a été déployée et une force de réaction rapide a été mise en place, en miroir de celle de la Finul.»
« La France s’est réjouie de ces efforts et encourage leur poursuite dans le sens d’un renforcement de la présence de l’armée libanaise au Liban-Sud. Le renouvellement du mandat de la Finul par le Conseil de sécurité à la fin de ce mois sera l’occasion d’en souligner l’importance. Conformément à la résolution 1701 et du caractère intérimaire de la force des Nations unies, notre objectif doit bien être à terme que les FAL assurent l’ensemble des fonctions actuellement assurées par la Finul.»
« C’est également dans cet esprit que la France a fait part de sa disponibilité pour renforcer sa coopération avec les FAL, à titre bilatéral, à travers son contingent au sein de la Finul ou en suggérant des financements de l’Union européenne pour la construction de casernements. Il est en conséquence important d’accélérer le dialogue stratégique FAL/Finul et de tout mettre en œuvre pour permettre à l’armée libanaise d’assurer une présence plus importante au Sud. »
« Dans ce contexte, les entraves régulières à la liberté de mouvement de la Finul et l’attentat perpétré contre des soldats français de la Finul le 26 juillet dernier sont particulièrement inacceptables. Sensible aux gestes de sympathie manifestés par les plus hautes autorités de l’État libanais, je souhaite rappeler solennellement que la Finul est présente au Liban à la demande du gouvernement libanais, qui en demande au Conseil de sécurité le renouvellement du mandat avant chaque échéance. Présente sans discontinuer dans la Finul depuis 1978, la France entend ainsi témoigner de son attachement à la souveraineté libanaise et de son amitié pour votre pays. Elle attend en retour que les autorités libanaises remplissent leurs obligations, notamment celles qu’elles ont acceptées au titre de la résolution 1701 et qui prévoient la garantie de libre circulation de la Force.»
« J’avais eu l’occasion d’appeler l’attention des autorités libanaises après les incidents de juin et juillet 2010, qui avaient déjà visé des éléments français de la Finul.»
« L’attaque du 26 juillet 2011, si elle devait se renouveler, ne pourrait que poser la question de la justification pour la France de maintenir ses soldats face à des risques qui ne seraient pas traités comme ils devraient l’être par le pays d’accueil. Il est en conséquence essentiel que des actions rapides de sécurisation soient prises, notamment sur l’axe de communication nord-sud.»
« Les liens anciens et particulièrement amicaux qui existent entre la France et le Liban nous engagent mutuellement. Je suis comme vous profondément attaché à leur maintien et à leur développement. C’est pourquoi je vous remercie par avance des mesures que les autorités libanaises, au nom de tous les Libanais, voudront bien examiner et mettre en œuvre pour que la France puisse continuer de mener dans votre pays la mission qu’elle remplit à la demande du Conseil de sécurité et du Liban.»
« Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.»
La publication de cette lettre, au moment où la frontière israélienne avec l’Egypte et la Jordanie connaît un embrasement dangereux, révèle en tout cas que le régime syrien, acculé, pourrait recourir à la stratégie de la terre brûlée au Liban et en Palestine, en utilisant les groupes palestiniens qui lui sont inféodés contre les intérêts occidentaux dans la région.