Le président Obama reste extrêmement prudent sur l’engagement des Etats-Unis dans l’opération libyenne, privilégiant toujours la voie diplomatique et financière.
A chaque fois qu’il est interpellé sur la Libye, le président américain Barack Obama voit se profiler le fiasco irakien, avec ses victimes civiles et militaires et son gouffre financier. Il l’a redit mardi 29 mars en mettant en garde contre toute intervention terrestre en Libye pour renverser Kadhafi. Selon lui, ce serait, comme en Irak, une « erreur » coûteuse en vies humaines et en crédits budgétaires.
En effet, huit ans après l’invasion américaine de l’Irak, si celle-ci a largement ouvert le pétrole irakien aux compagnies américaines et occidentales, elle n’a ni stabilisé le pays, ni établi la démocratie. Elle a en revanche attisé les affrontements confessionnels meurtriers entre sunnites et chiites et divisé de facto le territoire en créant au nord une zone kurde protégée.
Pour l’instant, les Etats-Unis constatent que l'opération militaire lancée contre le régime libyen par la coalition internationale à laquelle ils ont prêté leur puissance de feu « a remis Kadhafi sur la défensive ». « Outre l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne, la protection des populations civiles, nous avons aussi à notre disposition des outils politiques, diplomatiques, des sanctions, le gel de ses avoirs, autant d'éléments qui vont continuer à étrangler le régime. Grâce à ces fortes pressions, pas seulement militaires (…), nous nous attendons à ce que Kadhafi quitte en fin de compte le pouvoir », a dit Obama. Il a aussi laissé entendre qu’il n'excluait pas de fournir des armes à l'opposition libyenne après une évaluation du rapport de forces entre les rebelles et le régime de Kadhafi.
Barack Obama, comme sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton, table par ailleurs sur une dissidence des proches de Kadhafi. « Le cercle des proches de Kadhafi comprend que le noeud se resserre, que leurs jours sont probablement comptés et qu'ils vont devoir réfléchir à ce qu'ils vont faire d'ici peu », a-t-il dit. Les Etats-Unis ont dépêché un émissaire auprès du Conseil national de transition (CNT), mais restent prudents lorsqu’il s’agit de le reconnaître officiellement. « Il faut prendre en considération mais avec prudence ce que sont les objectifs de l'opposition », a affirmé Obama.