La conférence de Londres, qui réunit les opposants au régime de Kadhafi et les coalisés occidentaux, va préparer l’après-Kadhafi.
La crise libyenne est entrée dans sa phase politique avec l’ouverture aujourd'hui 29 mars à Londres d’une conférence des opposants au régime pour préparer l’après-Kadhafi, tandis que le « Guide » prépare de son côté la « bataille de Tripoli », qu’il imagine comme un nouveau Stalingrad qui marquerait la défaite des alliés.
Les insurgés libyens, protégés par une couverture aérienne de la coalition qui s’est révélée efficace, ont progressé jusqu’aux abords de Syrte, ville natale de Kadhafi, qu’ils ont investie de tous côtés en attendant d’y entrer à la faveur du retrait des troupes régulières. « Ce n’est plus qu’une question de temps », a ainsi dit un chef rebelle à la télévision Al Arabya. Dans son esprit, « l’affaire est pliée ». Les insurgés regardent désormais vers Misrata, à la pointe ouest du golfe de Syrte, où les résidents livrent depuis plusieurs jours une véritable guerre urbaine aux troupes régulières de Kadhafi qui assiègent la ville. De là, ils annoncentg qu'ils partiront à l'assaut de la capitale, Tripoli.
A mesure que les insurgés progressent le long de la côte, les unités de Kadhafi, traînant un matériel lourd sauvés des frappes aériennes, battent en retraite en direction de Tripoli, que le « Guide » veut transformer en Stalingrad pour les insurgés et leurs alliés occidentaux.
Selon la technique du « hérisson » apprise dans les écoles militaires soviétiques, la capitale libyenne est désormais enserrée dans un cordon de défenses (batteries anti-aériennes, missiles « grad », radars) et des centaines de francs-tireurs des troupes spéciales ont été postés sur les toits des maisons prêts livrer bataille, indiquent des témoins.
Le « Guide », sa famille et ses proches, sont pour leur part barricadés à des dizaines de pieds sous terre, dans leur blockhaus de la caserne de la porte Al Azizia, leur QG politique et militaire. Selon des opposants libyens, des ministres et leurs familles y sont « séquestrés » par les hommes de Kadhafi, de crainte qu’ils ne rejoignent la rébellion.
Dans un nouvel appel, reprenant les mêmes thèmes développés au début de l’offensive internationale, Kadhafi a exhorté la conférence de Londres à mettre fin à l'"offensive barbare" contre la Libye, en comparant l’intervention des coalisés aux campagnes militaires d’Hitler en Europe.
"Stoppez votre offensive barbare et injuste contre la Libye.Laissez la Libye aux Libyens, vous êtes en train de vous livrer à une opération d'extermination d'un peuple en sécurité et de détruire un pays en développement. Vous ne réalisez pas en Europe et aux Etats-Unis que cette opération militaire barbare et maléfique ressemble aux campagnes de Hitler alors qu'il envahissait l'Europe et bombardait la Grande Bretagne", a-t-il dit dans un message diffusé par l’agence officielle Jana. "Pourquoi vous attaquez quelqu'un qui combat le réseau d'Al Qaïda », s'est-il interrogé. « Laissez l’Union Africaine (UA) gérer la crise, la Libye acceptera tout ce que cette union décidera", a-t-il assuré.
Une quarantaine de pays sont attendus à Londres pour la première réunion du "groupe de contact" sur la Libye, chargé du "pilotage politique" de l'opération internationale dont le volet militaire est désormais sous commandement de l'Otan, et de la préparation de l'"après-Kadhafi". Les Etats-Unis et plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne et la France – les trois nations qui mènent l'intervention militaire en Libye – seront représentés par leur chef de la diplomatie.