L’Algérie, a été le seul pays arabe, avec la Syrie, à exprimer ses réserves et son hostilité à des frappes militaires contre la Libye.
Après l’adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité, l'Algérie « prend acte » de l'adoption de la résolution de l'ONU sur la Libye et « partage pleinement l'objectif de cessation immédiate des violences fratricides » dans ce pays, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères cité par l'agence APS.
« Partie prenante aux efforts de la Ligue des États arabes et de l'Union africaine, l'Algérie apportera sa contribution à tout effort de règlement visant à favoriser une réponse aux aspirations du peuple libyen frère dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son unité et de la préservation de l'intégrité territoriale de son pays », selon les termes du communiqué. « L'Algérie, selon le document, réaffirme, à cet égard, qu'il revient au peuple libyen de décider par la voie du dialogue national de son devenir » et « se tient, dans ces moments difficiles, aux côtés du peuple libyen frère et continuera à lui témoigner sa solidarité ».
La presse algérienne est beaucoup moins diplomatique dans son traitement des initiatives françaises. Comme le montre l’éditorial du quotidien indépendant L’Expression signé par Zouhir Mebarki sous le titre : « Sarkozy collectionne les échecs ». Texte intégral.
Qui est chargé de l’application de la résolution 1973, adoptée, dans la nuit de jeudi à vendredi, par le Conseil de sécurité et qui autorise «la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye»? «Tous les Etats membres qui souhaitent utiliser des moyens militaires!» est-il stipulé dans le texte. Voilà une résolution qui marquera l’histoire de l’humanité. Tout le monde est autorisé à frapper la Libye si l’envie le prend. Le plus pressé d’entre tous est le président français, Nicolas Sarkozy. C’est lui qui a fait le forcing auprès de l’instance onusienne pour faire passer en quelques heures la résolution. Pourquoi lui? La question mérite en effet d’être posée. On dit que c’est pour effacer sa «gestion» des crises tunisienne et égyptienne dont il n’a saisi l’ampleur que tardivement. Alors avec la Libye, il voulait être avant tout le monde. Le premier comme il aime à l’être chaque fois. Il l’a essayé avec l’Union européenne qui ne l’a pas suivi. Il a ensuite et encore essayé avec le G8 qui l’a repoussé. Hargneux, il fait une autre tentative en saisissant le Conseil de sécurité. C’est trop de zèle pour croire que c’est seulement son «ratage» tunisien et égyptien qui le fait courir. Venir en aide à la population libyenne? Quel cynisme! Où était-il lorsque les enfants et les femmes de Ghaza se faisaient bombarder par l’aviation israélienne? D’autant que la Libye pour n’être pas une ancienne colonie française, mais italienne, aurait dû échapper au volontarisme étalé par Sarkozy. Alors? Le président français est cohérent avec lui-même quand il décide d’intervenir militairement en Libye. Sa course contre la montre- Alain Juppé a dit à l’ONU que c’est une question d’heures- pour que Benghazi ne «tombe» pas est clairement justifiée. C’est un point de passage vers le Sahel où il n’a jamais caché son interventionnisme. Où les troupes françaises se sont déjà fait remarquer, lamentablement il est vrai, contre les terroristes d’Al Qaîda qui évoluent dans la zone. Des terroristes que le président français combat un jour et renfloue financièrement le lendemain en leur versant des rançons. Une ambiguïté seulement en apparence. Tout comme l’est cette réunion tripartite (Union européenne- Ligue arabe-Union africaine) organisée, hier, par l’Elysée pour «mouiller» le plus grand nombre dans la phase opérationnelle de la résolution du Conseil de sécurité. Une réunion alibi. Quels que puissent être le décorum, les artifices et l’emballage que s’évertue à utiliser Sarkozy, ce seront ses troupes qui s’enliseront dans une guerre dans toute la région. Notre région. C’est tout le Maghreb jusqu’au Sahel que Sarkozy veut enflammer. Pour des objectifs totalement étrangers aux intérêts de la France. Certains avancent que c’est pour remonter dans les sondages, que c’est pour 2012, que c’est pour faire oublier la misère dans laquelle il a plongé les Français, que… que… A vrai dire et même si tout ce qui est avancé est juste, Sarkozy n’est «programmé» que pour un seul mandat. Tous les observateurs avertis le savent. Ceci dit, tout porte à croire que le plan d’agression de Sarkozy est tombé à l’eau. En effet, la Libye a annoncé, hier après- midi, sa décision de «mettre fin à toutes les opérations militaires». Que fera, maintenant, le Rambo français? S’il y a une chose dont le président français peut se féliciter, avec l’affaire libyenne, c’est celle d’avoir, involontairement, dévoilé les dessous des cartes de son fameux projet d’Union pour la Méditerranée (UPM). Un projet qui cachait mal ses bruits de bottes. A trop s’agiter…