Les insurgés sont en déroute dans nombre de villes de l’ouest conquises au début de la révolte. Benghazi s’inquiète désormais des bombardements. Nombreuses arrestations et disparitions.
Les villes libyennes conquises par l’insurrection sont en train de tomber les unes aprèèsles autres sous le rouleau compresseur des forces gouvernementales de Kadhafi, dont l’objectif affiché est désormais Benghazi, foyer de la révolte.
Elles bénéficient de la redoutable force de frappe de l’artillerie et du monopole du ciel, en l’absence d’une zone d’exclusion aérienne réclamée par des insurgés dont les appels désespérés sont restés vains jusqu'à présent.
Les forces régulières ont atteint Brega, site pétrolier à 250 km de Benghazi, après avoir pris Al Ugaïla. Elles se dirigent vers Ajdabiyia, dernier verrou avant Benghazi, qui se trouve à 80 kms plus à l’est. "Nous allons purger tout le pays", a annoncé un porte-parole militaire de Kadhafi.
Un chef militaire des insurgés, le général dissident Abdel Fattah Younes, a pourtant affirmé qu’Ajdabiya « sera défendue », pronostiquant que les forces pro-Kadhafi, très étirées le long de la côte, allaient connaître de sérieuses difficultés logistiques.
Les rebelles fuyant les zones reconquises se sont déjà regroupés à Ajdabyia avec la ferme volonté d’empêcher les troupes régulières de la reprendre.
A Benghazi, cependant, qui compte 700 000 habitants, la population commence a avoir peur des bombardements.
Elle attend un soutien de l’extérieur et notament l'établirssement de cette zone d’exclusion aérienne dans laquelle elle met désormais tous ses espoirs.
La demande du Conseil national de transition, porte-parole de l'insurrection, doit être de nouveau soumise par la France à ses partenaires lors de la réunion ministérielle du G8 qui se tient à Paris lundi, 14 mars mais la lenteur de la réaction internationale ne cesse d’intriguer les insurgés.
Dans l'Ouest, alors que les rebelles contrôlaient toujours Misrata, à 150 km à l'est de Tripoli, les forces gouvernementales concentrées dans la capitale répriment toute opposition "avec brutalité", à coups d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées, voire de tortures, selon l'organisation Human Rights Watch.
Des dizaines de manifestants anti-Kadhafi, des personnes soupçonnées d'avoir critiqué le régime ou fourni des informations à l'étranger ont été arrêtés. Le sort de beaucoup d'entre eux reste un mystère, a déploré HRW, citant des témoignages.