Le TSL, un instrument entre les mains des Etats-Unis
Le Tribunal spécial sur le Liban a rendu public l’acte d’accusation dans l’interminable enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Selon cet acte, dont une bonne partie avait été « fuitée », quatre membres du Hezbollah libanais ont été désignés nommément sur la base d’enregistrements téléphoniques.
D'après ce document, l'analyse des enregistrements téléphoniques a révélé "la présence d'un certain nombre de réseaux de téléphonie mobile interconnectés et utilisés dans l'assassinat de Rafic Hariri."
"L'accusation s'appuie en grande partie sur des preuves indirectes", souligne l'acte d'accusation de 47 pages publié par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) le mercredi 17 août 2011. Il ajoute que "les preuves indirectes sont souvent plus fiables que les directes, sujettes à des pertes de mémoire ou des distorsions" (sic !).
Le tribunal onusien, basé à La Haye, avait dévoilé en juillet l'identité des quatre hommes visés par des mandats d'arrêt internationaux.
Il s'agit de Moustafa Amine Badreddine, figure importante du Hezbollah et beau-frère d'Imad Moughniyeh, le défunt chef du mouvement chiite, Salim Jamil Ayyash, Hussein Hassan Oneissi et Assad Hassan Sabra.
"Les quatre accusés ont participé avec d'autres à une conspiration visant à commettre un acte terroriste pour assassiner Rafic Hariri", dit l'acte d'accusation.
Badreddine aurait supervisé l'ensemble de l'opération tandis qu'Ayyash aurait coordonné l'équipe de tueurs. Hassan Oneissi et Assad Hassan Sabra ont pris part à la conspiration et préparé une fausse revendication.
Aucun d'entre eux n'a été arrêté par les autorités libanaises. Le Hezbollah assure qu'ils ne le seront jamais.
Au total, cinq réseaux téléphoniques ont été identifiés, dont deux couvraient ceux utilisés uniquement pour appeler les membres du même groupe. Ils ont été désignés par différentes couleurs.
Le "réseau rouge" utilisé par les membres de l'équipe chargée de l'assassinat, était "opérationnel à partir du 4 janvier 2005 jusqu'à seulement deux minutes avant l'attaque du 14 février 2005", explique l'acte.
La localisation de ces téléphones, ainsi qu'un "réseau bleu" montrent que Rafic Hariri était surveillé pendant au moins 15 jours avant sa mort. Les 33 derniers appels ont été effectués pour la plupart dans des zones où il se trouvait pendant les des deux dernières heures avant sa mort.
Le mouvement chiite dément toute responsabilité dans l'explosion qui a tué l'ancien Premier ministre sunnite et 21 autres personnes en 2005 sur le front de mer de Beyrouth.
L'attentat avait plongé le Liban dans une série de crises politiques, de meurtres et de bombardements, avant d'aboutir en mai 2008 à des affrontements intercommunautaires faisant poindre la menace d'une nouvelle guerre civile
Le Hezbollah, qui est à la fois une organisation politique et un mouvement de résistance contre l’occupant israélien, avait déclaré, par la bouche de son secrétaire général, Sayyid Hassan Nasrallah que le TSL est un tribunal politique et que les quatre suspects désignés par le procureur de ce tribunal « ne seront pas livrés ni dans trente jours, ni dans trente ans, ni dans 300 ans » !
L’actuel gouvernement libanais, présidé par Najib Mikati, tout en acceptant, du bout des lèvres, de coopérer avec le TSL, n’a en fait ni le pouvoir, ni la volonté sérieuse de rechercher et d’extrader les suspects.
Pour télécharger l’acte d’accusation en français, cliquer sur ce lien :
https://www.scribd.com/doc/62476275/Acte-d’accusation-Ayyash-et-autres