Le colonel Kadhafi est plus que jamais déterminé à rester au pouvoir. Ses menaces ont été mises en application : les combats à l’est de Tripoli causent d’importantes pertes humaines.
Le colonel Mouammar Kadhafi a accusé de nouveau l'internationale islamiste Al Qaeda d’être à l’origine du soulèvement qui secoue son régime, et juré qu’il ne quitterait pas la Libye, dans un discours de plus deux heures devant le Congrès général des comités populaires (faisant office de Parlement), à l’occasion du 34eme anniversaire de la proclamation de « L’Etat des masses », qui a eu lieu en 1977.
Contrairement aux années précédentes, cet anniversaire a été célébré dans une petite salle, devant une assistance réduite, en présence de journalistes étrangers. Avant de prendre la parole, le « Guide de la Révolution » a fait reculer les journalistes arabes assis au premier rang, en signe de protestation contre la couverture des événements libyens par les médias arabes.
"Même si tous les Libyens partent, moi je ne quitterai jamais la Libye ,dont la terre est imprégnée du sang pur de mes ancêtres. Moi je resterai et vous, présidents européens et américain, viendrez me rendre visite en tant que citoyens privés une fois vos mandats terminés. Moi je serai toujours Kadhafi, chef de la révolution", a-t-il dit, répondant indirectement aux exhortations des présidents américain, français et du Premier ministre britannique lui demandant de céder le pouvoir le plus vitre possible et de quitter éventuellement son pays pour l’exil. Selon l’opposition libyenne à Londres, des tractations seraient en cours avec la Biélorussie pour recevoir Kadhafi et sa famille. Interrogé lundi par une journaliste britannique sur une telle éventualité, Kadhafi a répondu par un rire narquois.
Dans son discours diffusé en direct par la télévision publique libyenne, Kadhafi a de nouveau accusé Al Qaeda d’avoir activé ses « cellules dormantes » en Libye, et mis en garde contre toute intervention militaire étrangère, qui provoquerait « des milliers de morts », selon lui. Il a promis de combattre « jusqu’au dernier homme et jusqu’à la dernière femme » et appelé l’ONU à envoyer une commission pour enquêter sur le soulèvement et la situation des droits de l’homme en Libye.
Le « Guide de la Révolution » a par ailleurs affirmé que si la production pétrolière libyenne est « au plus bas », c’est parce que les employés des compagnies étrangères ont quitté le pays. Il a menacé de faire appel à des compagnies chinoises et indiennes s’ils ne retournaient pas rapidement sur les champs de forage.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la production de brut libyen a chuté de 850 000 à 1 million de barils par jour, soit la moitié, voire les deux tiers environ de la production habituelle de ce pays. L’Arabie Saoudite s’est engagée à compenser ce manque sur le marché international.
Kadhafi a déclaré « nulle et non avenue » la résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression et affirme que le « gel des avoirs de l’Etat libyen relève d’une usurpation et d’un vol de l’argent du peuple ».
Au 16eme jour de la révolte, alors que les Etats-Unis accentuent leur pression sur Kadhafi en envoyant deux navires au large du Golfe de Syrte, les troupes régulières ont engagé une contre-attaque vers la région orientale, contrôlée par les insurgés. Elles ont pris le port pétrolier de Marsa Brega et se prépareraient à investir Ajedabia sur la route de Benghazi – 2eme ville du pays et foyer de l’insurrection. Selon l’opposition libyenne, le sort par les armes restait incertain dans la soirée de jeudi 3 mars – les insurgés opposant une « résistance farouche » aux troupes régulières au prix d’importantes pertes humaines.