Plus de 100 000 manifestants massés place de la Kasbah, à Tunis, ont dit non à la confiscation de la révolution, exigeant le départ du Premier ministre. En réponse, le gouvernement a promis des élections.
Les Tunisiens seront appelés aux urnes « au plus tard mi-juillet », a annoncé vendredi le conseil des ministres dans un communiqué, sans préciser s'il s'agit d'un scrutin présidentiel ou législatif. Le gouvernement a examiné les échéances politiques et décidé que les consultations avec les différents groupes politiques "ne doivent pas dépasser la mi-mars", et que des élections seront organisées "au plus tard mi-juillet 2011", selon le communiqué officiel.
Cette annonce est intervenue alors que des manifestants place de la Kasbah à Tunis demandaient la démission du gouvernement transitoire de Mohammed Ghannouchi, l’abrogation de la constitution en vigueur et l’élection d’une Assemblée constituante pour en rédiger une nouvelle. Plusieurs partis d’opposition se sont prononcés pour un régime parlementaire, en opposition à l’actuel régime hyper-présidentiel, propice, selon eux, au pouvoir personnel.
Des policiers ont estimé à "plus de 100 000 manifestants" l’assistance rassemblée place de la Kasbah, survolée par des hélicoptères de l'armée. Plusieurs centaines d’entre eux, qui tentaient de gagner le ministère de l’Intérieur sur l’avenue Bourguiba à quelques centaines de mètre du rassemblement, ont été dispersés par la police, qui a utilisé des gaz lacrymogènes pour dissuader ceux qui tentaient de s’accrocher aux barreaux des fenêtres de l'immeuble ministériel. Les manifestants sont venus affirmer que leur "révolution ne sera pas usurpée", en scandant "Ghannouchi dégage", "Ca suffit avec les mises en scène", "Honte à ce gouvernement", "Révolution jusqu'à la victoire", "En avant les braves de la liberté", "Nous éradiquerons la répression de notre terre", "Ghannouchi prend tes chiens et démissionne", "Non à la confiscation de la révolution".
Une commission des réformes politiques présidée par Yadh Ben Achour est chargée de faire des propositions constitutionnelles au gouvernement de transition mis sur pied après la chute de l’ancien président Zine el Abine Ben Ali, aujourd’hui réfugié en Arabie Saoudite.
Selon la constitution actuelle, les présidentielles précédent les législatives. Le gouvernement de transition s’est donné six mois pour organiser les deux scrutins permettant l’élection d’un nouveau chef de l’Etat et d’un nouveau Parlement.