A Tunis, plusieurs dizaines de milliers de manifestants, rassemblés sur la place de la Kasbah, demandent la démission du gouvernement de transition de Mohammed Ghannouchi, l'abrogation de la constitution en vigueur et l'élection d'une Assemblée constituante pour la rédaction d'une nouvelle loi fondamentale.
Les manifestants, venus de tous les coins du pays, agitent des drapeaux tunisiens et des drapeaux libyens en signe de solidarité avec le soulèvement populaire dans la Libye voisine.
Les drapeaux libyens déployés à Tunis sont ceux adoptés par les insurgés du pays voisin, qui réclament la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi. Il s'agit de l'emblème à trois bandes verte, rouge et noire, frappé d'un croissant et d'une étoile blanche datant d'avant la chute de la monarchie libyenne des Senoussi en 1969.
Les manifestants estiment notamment que le gouvernement de transition tunisien actuel est "le prolongement du régime précédent" dirigé par Zine El Abidine Ben Ali, qui s'est refugié depuis le 14 janvier en Arabie Saoudite. Ils réclament des élections libres et un régime parlementaire, par opposition au régime ultra-présidentiel actuel propice, selon plusieurs partis de l'opposition, au pouvoir personnel.
Quelques milliers de protestataires se trouvaient depuis dimanche dernier devant le Palais du gouvernement à la kasbah pour un "sit in non stop" jusqu'à la démission du gouvernement. Ils ont été rejoints vendredi par plusieurs dizaines de milliers d'autres, qui forment désormais une marée humaine dans cette place chargée d'histoire de la capitale tunisienne.