Le nouvel ambassadeur de France à Tunis inaugure sa mission par des propos on ne peut plus grossiers. Obligé de faire amende honorable !
Envoyé à Tunis relever Pierre Menat – qui n’avait rien vu, rien entendu et rien dit au Quai d'Orsay sur la révolte contre Zine el-Abidine Ben Ali – pour rétablir les ponts avec des Tunisiens désormais très frileux concernant tout ce qui leur vient de Paris, le nouvel ambassadeur de France en Tunisie, Boris Boillon, a failli reprendre le premier avion en direction de Paris sous la pression d’un groupe de manifestants qui demandaient qu’il « dégage ».
Le sarko-boy, qui a les mêmes gestes familiers et le même langage fleuri que son mentor, a commencé son ambassade par une gaffe fort peu diplomatique. Interrogé sur l’attitude de la France à l’égard du régime Ben Ali, Boris Boillon a qualifié de « débiles » et de « n’importe quoi » les questions des journalistes tunisiens qu’il avait invités à déjeuner pour un premier contact. Il a ensuite refusé d’apporter des précisions sur ses propos : « Non, je ne peux pas expliciter, je dis ce que j'ai à dire et n'essayez pas de me coincer avec des trucs à la con », a-t-il complété. Les journalistes ont bien évidemment été quelque peu interloqués par cette attitude, qu'ils ont estimée "agressive" et "arrogante" de la part d'un diplomate qui a pourtant la réputation d'avoir une "sensibilité arabe" plus développée que ses pairs du Quai d'Orsay.
Il a dû s’excuser platement devant la télévision tunisienne. « Je m'excuse auprès des journalistes et de tous les Tunisiens. S'ils ont pris mes réponses comme une manière de répondre de façon hautaine, je le regrette. Je suis vraiment désolé et je présente toutes mes excuses au peuple tunisien », a dit Boris Boillon en arabe – une langue qu'il maîtrise bien – en un acte de contrition officiel et public, sur la chaîne publique tunisienne.
Sa mission se trouve singulièrement compliquée par ces propos à l'emporte-pièce. Il doit non seulement revoir sa copie, mais également rétablir la confiance avec les Tunisiens.