La Syrie face à la “cage-aux-folles”
Comme l’on sait, la situation se trouve à nouveau, pour la nième occurrence, sur le bord d’une possible attaque US contre la Syrie… “Cela, à partir de la nième attaque chimique dont il est absolument inutile et sans le moindre intérêt de savoir s’il existe la moindre preuve que la responsabilité puisse et doive en être attribuée, contre l’évidence de tous ses propres intérêts stratégiques du moment, au président Assad. Nième indication d’un montage, d’un falseflag, d’une provocation, absurdité de faire d’Assad le coupable d’un tel acte, – donc et par conséquent une attaque contre Assad s’impose puisqu’elle-même (l’attaque) constituera la preuve centrale de sa culpabilité (celle d’Assad), qu’elle engendrera par elle-même autant de preuves postérieures nécessaires qu’elle (l’attaque) était justifiée, y compris l’absence de preuves évidente même après l’attaque comme preuve suprême de la culpabilité…” Cela était donc un message d’information en provenance de “D.C.-la-folle”, – “l’Asile”, selon le code opérationnel de la CIA.
Personne n’y comprend rien parmi ceux qui s’affirment comme justifiés d’appuyer de leurs poids institutionnels la décision d’attaquer, comme le montre cette interview d’un sénateur républicain du Mississipi par Tucker Carlson, sénateur bouche bée devant certaines questions évidentes, balbutiant et répondant à propos de la pluie et du beau temps. “D.C.-la-folle”, n’est-ce vraiment qu’une formule un peu moqueuse ?
(Nous laissons de côté le reste de la bassecour, surtout les grands et responsables membres de l’UE, – nous ne disons pas “nations” tant ce mot est vide de sens, déstructuré, dans cette occurrence. Jamais dans l’histoire de notre civilisation, l’Allemagne, la France et l’impayable UK se sont trouvées autant et aussi dénuées de la moindre pensée de politique extérieure, totalement enfermées dans le simulacre comme un ver à soie devenu chenille chenue pour faire son dernier temps dans un cocon de fin des temps.)
Toute cette introduction légèrement échevelée pose la question de la stupidité, mais surtout celle de la folie. Il y a un texte intéressant à cet égard, parce qu’il vient d’un commentateur qui a fait ses preuves, qui a toujours argumenté pour son camp selon l’ordre de la rationalité, faisant appel à des faits et à des actions souvent fort bien établis. Justin Raimondo à longtemps varié à propos de Donald Trump, avec bien des réserves, des périodes sceptiques, mais admettant finalement que sa seule présence et quelques positions marquantes, – outre son America First, sa volonté proclamée de retirer les troupes US de Syrie, – lui valaient une appréciation plutôt favorable. Et soudain, cette “attaque chimique” comme incroyable montage, et la réaction furieuse de Trump, vraiment le braiement de fureur qui fait éclater la cage aux folles ! Alors, Raimondo en vient à sortir des sentiers battus, et il n’a pas tort (de sortir des sentiers battus), et il pose la question dans son titre de ce texte du 10 avril 2018, que l’on trouve reproduit ci-dessous, avec la réponse pour que nul n’en ignore :
« Trump: Is He Stupid or Dangerously Crazy? He’s both » (“Trump est-il un idiot ou un fou dangereux ? Les deux à la fois”)
Raimondo a même un modèle, décrit par le film Les trois visages d’Eve, de 1957, d’après un livre du psychiatre Hervey M. Cleckleyet de Hervey M. Cleckley, décrivant le cas d’une patiente, Chris Costner Sizemore. La pathologie identifiée est le “désordre identitaire dissociatif”(dissociative identity disorder– multiple personality disorder). On voit qu’avec The-Donald, Raimondo ne chipote plus et plonge dans les zones sombres de l’individu puisqu’il en arrive, horreur inexpugnable, à identifier trois The-Donald en un :
« L’argument de la folie, – une véritable affection mentale, – est encore plus fort, de mon point de vue. Quand le président Obama fut confronté à cette même sorte de d’attaque-bidon, selon les descriptions des “activistes” et des “médecins”, Trump le pressa de ne surtout pas s’impliquer dans ce piège. pourtant, maintenant qu’il est lui-même dans le bureau ovale, il fait ce qu’il pressait Obama de ne pas faire. C’est le comportement classique d’une démence à personnalités multiples : ce sont “les trois visages de The-Donald” »
Tout le reste du texte est de cette même eau, à la fois amère, furieuse, mi-plaisanterie-catastrophée, mi-stupéfaction-attristée, avec le développement. Peu nous importe finalement le diagnostic de Raimondo, il suffit d’observer que le commentateur informé, brillant, sans liens de compromission ou d’asservissement au Système, est conduit désormais à avancer cette sorte d’hypothèses pour décrire, sans prétendre le comprendre, le comportement d’un président venu pour mettre de l’ordre dans “la cage-aux-folles” et devenu lui-même prisonnier de cette “cage-aux-folles”, et donc décrivant d’une même plume la “cage-aux-folles” qu’est “D.C.-la-folle” et le président lui-même.
(Raimondo y ajoute la stupidité, avec GW Bush comme référence, mais cela est beaucoup moins alarmant, les présidents US n’ayant en général pas brillé par leur intelligence. A cet égard, les amis de Trump ne manquent pas d’assurer qu’avec un QI de 157, il est en deuxième position parmi tous les présidents, le dernier de la classe étant Ulysse S. Grant avec 121. Mais le QI qui n’est qu’une indication tronquée d’un scientisme intéressé ne nous intéresse pas non plus, nous voulons dire pas plus que la sorte de pathologie débusquée par Raimondo : il s’agit simplement de la perte de toutes les références de l’esprit et de l’âme qui forment la fermeté du caractère et écartent les tentations du conformisme, du suivisme, du panurgisme, etc., dans un centre prisonnier d’une cage maquillée en simulacre élégant, qui est manifestement producteur de démence et de stupidité pour corrompre les uns et les autres par la voie de la psychologie.)
La désolation de Raimondo est à considérer subjectivement et objectivement. Subjectivement, on comprend toute l’amertume du commentateur qui, avec la résurgence du slogan America First, avait cru à un tournant vers ses conceptions et sa perception du monde, et la sauvegarde de l’Amérique telle qu’il la conçoit et qu’il l’aime… Et il voit ce qu’il en reste ! Objectivement, c’est-à-dire pour notre cas et notre jugement qui sont ceux de l’antiSystème se référant à lui-même, – Delenda Est Systema, – Trump est plus que jamais ce personnage sans la moindre substance, sans la moindre conception, préoccupé de l’immédiat sans s’intéresser à la conséquence, ce président défini d’abord par l’“esprit de la télé-réalité” ; ce président pour lequel chaque observation rimant avec l’accentuation du désordre de l’entité dans laquelle il se trouve, grâce à son comportement, garde toute son actualité. Ceci par exemple, dans le Journal-dde.crisisdu 16 septembre 2017…
« Cela a été fait et le “cocktail Molotov humain” fait son travail avec un naturel à ne pas croire : alimenter sans arrêt le désordre. Trump ne réussit rien, il trahit tout, il met tout le monde en fureur et introduit un effet de blocage dans toutes les politiques du fait de ce désordre, une paralysie par excès d’humeur dans “D.C.-la-folle”. Le Rien continue son œuvre de déstructuration par ses semailles sans fin des graines du désordre. »
Pour nous, cela vaudra demain encore, si et quand il aura fait tirer ses cruise missiles sur la Syrie, ou même s’il ne le fait pas. Nous sommes dans une tragédie-bouffe, certes, et la Syrie, et les tromperies sanglantes, et les menaces de guerre en sont la partie tragique ; Trump, lui, c’est la partie-bouffe, et son rôle n’est pas inutile, loin de là.
dedefensa.org
https://www.dedefensa.org/article/la-syrie-face-a-la-cage-aux-folles