La crise politique n’en finit plus. La rue et les militants de l’opposition maintiennent leur pression pour que le pouvoir mette enfin en œuvre les réformes annoncées depuis 2006.
Le bras de fer engagé au Parlement à propos du projet gouvernemental de révision constitutionnel est si intense que, pour la première fois depuis une douzaine d’années, le pouvoir a dû organiser une conférence de presse afin de clarifier sa position. Les partis d’opposition maintiennent leur pression : des marches de protestations, toujours très suivies même après celle du 19 août dernier qui avait fait deux morts, sont organisées dans les principales villes togolaises et dans la diaspora.
Le document présenté au Parlement comporte plusieurs réformes attendues depuis 2006, dont la plus emblématique prévoit la limitation des mandats parlementaires et présidentiel, ainsi que la transformation du mode de scrutin pour l’élection présidentielle, à savoir le passage d’un vote à deux tours au lieu d’un seul.
L’Accord politique global (APG) de 2006, qui avait été signé sous l’égide de la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) avait pos les prémisses de l’actuel débat, notamment après les violences post-électorales survenues après la victoire contestée du président sortant, Faure Gnassingbé, en 2005. Onze ans plus tard, les réformes sont toujours attendues par une classe politique de plus en plus impatiente de tenter l’alternance au pouvoir, et par une population lassée d’un régime en place depuis près de cinquante ans avec d’abord le père, Gnassingbé Eyadéma, puis le fils, Faure Gnassingbé.
Sous la pression de la rue et des hommes politiques, le gouvernement affirme aujourd’hui être ouvert à l’application des réformes. Mais le manque de volonté et les divergences tant avec l’opposition qu’en interne sur les modalités d’application de ces réformes ont retardé sine die leur mise en œuvre. D’où les crises récurrentes depuis plus de dix ans. Le Togo est aujourd’hui le seul pays d’Afrique de l’ouest à n’avoir connu aucune alternance à la tête de l’État.